« Le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant et vous vivrez ». (Jn 14, 15-21)
En ce dimanche qui précède la fête de l’Ascension, l’Église nous prépare à contempler Jésus qui dit : « Le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant et vous vivrez ». Le voir vivant est une aptitude que nous donne l’Esprit Saint. Prêts ? On vous aide à vérifier la réalisation de cette promesse dans votre vie !
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Prédication du père Louis Groslambert pour le sixième dimanche de Pâques
Ce dimanche précède la fête de l’Ascension : l’Église nous prépare à contempler Jésus qui dit : « Le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant et vous vivrez ».
Frères et sœurs, parmi les dons que vous fait le Saint Esprit, il y a cette aptitude à voir que le Christ est vivant ! Nous en avons de la chance de constater que Jésus n’est pas enfoui dans les brumes du passé comme Vercingétorix, mais qu’il fait partie de notre présent, qu’il est vivant, actif… En cette messe, il nous faut rendre grâce parce que nous avons avec Jésus un compagnon tel que tout nous rappelle sa présence, que nous voyons tout en pensant à lui.
Saint Luc disait ( c’était la 1ère lecture) que les samaritains ont constaté que Jésus est vivant quand ils voyaient Philippe, Pierre et Jean faire des guérisons comme en faisait Jésus. Mais permettez que je cite des situations actuelles qui me font penser que Jésus notre ami est vivant ! Je vais faire des visites d’aumônerie à l’hôpital ; je vois des proches déployer mille attentions pour leur malade, je vois des soignants mettre en œuvre leur compétence et multiplier les gentillesses ; je conclus que l’amour est vivant. Face à une peine qui laisse sans voix, une personne prononce la parole réconfortante ; je me dis ‘Cette personne parle comme Jésus ; il est vivant en elle’. Il y avait une dispute… mais quelqu’un a eu le tact de calmer les protagonistes ; j’ai pensé ‘cette personne qui a osé s’interposer et qui a trouvé les mots justes, c’est le Christ prince de la paix qui l’a suscitée !’ C’est vrai, nous le voyons vivant.
Vous-mêmes, dans un groupe où les propos deviennent méprisants, vous osez dire votre désaccord, et vous dites « c’est le Seigneur qui m’a donné l’audace » ; ou bien, vous vous êtes dérangé pour aider quelqu’un… et vous dites : « c’est le Seigneur qui m’a poussé ». Bref, vous pouvez voir Jésus vivant en vous et sous les traits de toute personne qui vit selon l’Esprit de Jésus. Il ne nous a pas menti quand il disait « Vous me verrez vivant ».
Parmi les milliers de signes, il y a les sacrements. Votre mariage est un signe éminent qui montre que Jésus est vivant. Votre union, vos années de fidélité, de patience, de douceur, de pardon ; votre soutien mutuel, votre lien plus solide que vos déceptions et vos disputes,… n’est-ce pas des indices incontestables que le Christ est vivant en vous ? Merci beaucoup à vous, les couples, les mariés : si, comme dit saint Pierre, vous honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, vous mettez sous les yeux des contemporains les manières du Christ. Et si vous voulez vérifier que l’on peut voir Jésus vivant, il vous suffit de regarder les mariés !
« Vous me verrez vivant ». Cette promesse, si nous ne la vérifions pas, nous n’y croirons pas. C’est pourquoi, un chrétien ne devrait pas se coucher le soir sans avoir écrit au moins un fait observé dans la journée qui montre que Jésus est vivant aujourd’hui. Au bout d’un mois, ce chrétien a 30 indices de Jésus vivant ! ou 360 au bout d’un an ! Faites cela.
Un conte va me permettre de développer l’idée qu’il est important de contempler Jésus présent, vivant aujourd’hui. Un rabbin et l’abbé d’un monastère se rencontraient dans l’amitié et se faisaient des confidences : « Dans mon monastère – disait l’abbé -, les frères n’ont guère d’élan ; on n’a pas de jeunes moines ; à l’hôtellerie, on a de moins en moins de retraitants ; on a du mal d’envisager l’avenir avec espérance ». « Dans ma communauté, c’est pareil – disait le rabbin… » Leur échange ne débouchant sur aucun signe d’espérance, ils décident de prier. Un psaume. Puis un autre psaume. Et au moment de se séparer, l’abbé dit au rabbin « Donnez-moi un conseil ». Le rabbin répondit : « Le messie est l’un des moines » ! Le Père abbé rentre au monastère, réunit les moines et leur dit « Le messie est l’un de nous ». A partir de ce jour, les gestes de prévenance se multiplient, la ferveur anime toutes les activités… et l’hôtellerie se remplit de gens intéressés… et des jeunes se présentent au noviciat…
Pour que les gens voient que Jésus est vivant, il faut que nous soyons convaincus que le Messie est parmi nous, vivant, présent dans la personne de tout homme. On dit qu’il faut être missionnaire ; nous ne le sommes pas si nous pensons que c’est aux « païens » de se convertir ; nous dirons la présence de l’amour si nous nous convertissons… nous ferons signe aux autres… comme les vieux couples font signe aux jeunes.
Je termine cette méditation sur la présence du Seigneur vivant, en pensant que Jésus ressemble souvent à un chômeur. Voici ce que disait une personne au chômage : « quand je travaillais, on m’attendait, on me reprochait d’être en retard, on voulait me voir ; maintenant que je sois là ou pas, tout le monde s’en fiche, parce que je n’ai plus d’activité, je n’existe plus ». Jésus doit sûrement parler ainsi : « on voulait me voir, voir mes miracles, on m’attendait… maintenant on ne sait plus voir à quel point je suis présent et actif… Pourtant j’avais dit « vous me verrez vivant ». C’est pourquoi, à chaque messe, nous lui disons : nous t’avons vu vivant, donne-nous encore de te voir vivant ; viens, Seigneur Jésus, nous t’attendons.