La Pentecôte, une fête à vivre chaque jour
Mgr Denis Jachiet, évêque de Belfort-Montbéliard et Élysé Mayanga Pangu, inspecteur ecclésiastique de l’Église Protestante Unie de France, région Est-Montbéliard adressent, en la fête de Pentecôte, aux disciples du Christ, un message commun :
Nous célébrons aujourd’hui la fête de Pentecôte, plénitude de la promesse du Christ. Une célébration de plus nous diriez-vous, demain lundi c’est encore férié. Après demain, nous allons reprendre nos activités, bien vite, nous nous laisserons happer, absorber par toutes nos préoccupations et nous nous empresserons de tourner – bien vite également – la page … jusqu’à la prochaine fête.
Mais disons, cependant, qu’il n’est pas si facile de tourner la page et d’oublier une telle fête, un tel événement. En effet, il s’agit de l’accomplissement de la promesse du Christ : je ne vous laisserai pas orphelins, je vous enverrai le Paraclet, l’Esprit de vérité.
Oui, le Saint-Esprit, présence active de Dieu dans le monde a été donné le jour de Pentecôte et depuis, il nous est constamment renouvelé.
L’Esprit Saint nous mobilise, nous pousse à l’action et nous met en mouvement, écartant et repoussant toute indifférence, toute passivité, toute exclusion dans l’église et dans le monde. Il n’est pas si facile de tourner la page et d’oublier la fête de Pentecôte car c’est un événement qui appelle des lendemains que nous avons à construire, lendemains d’un monde nouveau bourré d’espérance et de vie.
L’Esprit Saint est un esprit d’unité qui tranche singulièrement avec l’expérience de division de la Tour de Babel. Dans le livre des Actes des apôtres, le Saint-Esprit est donné aux disciples au moment où ils sont ensemble dans un même lieu. Oui, petite leçon pour nous au passage : l’Esprit est là où les hommes et les femmes abandonnent leurs préoccupations personnelles et se laissent envahir par un esprit d’unité, de solidarité et d’amour. Le signe extérieur qui prouve que le Saint-Esprit est donné c’est que les disciples se mirent à parler en d’autres langues. En sorte que parmi tous ceux qui séjournaient à Jérusalem, chacun les entendait parler dans sa propre langue. C’est vrai, le monde a besoin de signes forts, des gestes de paix, d’amour, de justice et de réconciliation.
L’Esprit Saint est à l’œuvre dans ce monde. Ne nous attendons pas à des actes miraculeux, à une intervention divine pour changer le cours des choses. Nous sommes rigoureusement responsables de ce monde et par conséquent, nous devons y être plongés. Nous avons d’une part à aider les hommes et les femmes à vivre et d’autre part à chercher à améliorer le contexte dans lequel on se trouve.
Osons dire à ceux qui nous entourent et qui vivent dans des conditions difficiles, des ruptures sentimentales, le chômage, l’échec, la maladie, le deuil … qu’ils ne sont pas seuls ni objets d’un destin aveugle. L’Esprit-Saint nous est donné. Justement, le mot Paraclet en grec veut dire : celui qu’on peut appeler à l’aide, le consolateur, le défenseur, l’avocat.
L’Esprit Saint est un don de Dieu. Nous sommes appelés à recevoir ses différents dons.
Or, tout don proposé n’est pas toujours accueilli. Le don ne va donc pas sans un travail préalable de réception intérieure, d’appropriation et d’intégration. Il n’est jamais facile de consentir à ses limites, ses failles, ses manques et de dépendre d’un autre.
A cette lumière, nous pouvons comprendre la nécessité de recevoir les dons de l’Esprit-Saint. L’être humain livré à ses seules forces et capacités ne pourra aller bien loin. Ou bien il s’enfermera dans un moralisme rigide et intransigeant, ou bien il sombrera dans le découragement et la dépréciation de soi.
Nous en connaissons tous qui, pour se rassurer sur eux-mêmes, à l’image des pharisiens auxquels Jésus avait à faire, méprisent et jugent les autres pour se donner l’illusion qu’ils sont meilleurs que les autres, plus chrétiens – qu’est-ce que ça veut dire d’ailleurs ?
L’être humain livré à ses seules forces et capacités ne pourra aller bien loin. La violence, la haine, la jalousie, la médisance seront ses maîtres, nous le savons que trop bien, lorsque nous oublions ou renonçons, par paresse souvent ou par orgueil, à nous placer sous la sainte influence de l’Esprit du Christ. Nous devons donc être intimement persuadés que seul l’Esprit du Seigneur, en renouvelant radicalement notre mentalité et notre cœur, peut nous arracher à l’emprise du mal, nous guérir de la séduction du péché et nous faire adhérer à la volonté du Seigneur, nous donner la force de persévérer et de surmonter les obstacles. Voilà une conversion fondamentale à refaire chaque matin !
Ne cherchons plus à construire seuls notre vie et à tout maîtriser, mais décidons de nous en remettre à un Autre, l’Esprit Saint, plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes.
Que l’Esprit de vérité nous éclaire !
Amen !
Inspecteur ecclésiastique Elysé Mayenga Pangu
Évêque Denis Jachiet