« Préparez le chemin du Seigneur » !
Jésus est nommé « celui qui vient ». Pour que le Seigneur passe dans nos vies personnelles, que faut-il évacuer ? Pourquoi est-ce urgent ? Nous nous préparons à Noël, à la venue du Christ ; il est bien de penser aux cadeaux (parce que les cadeaux font partie des relations d’amour et donc du royaume de Dieu) ; mais nous offririons un super cadeau si nous arrivions à évacuer une rancune, une injustice, un regard malveillant, … toutes ces réalités très solidement établies qui empêchent l’amour de Dieu de circuler. Puissions-nous nous appliquer à « consoler le peuple » !
Prédication du père Louis Groslambert pour le deuxième dimanche de l’Avent
Frères et sœurs, nous avons entendu « préparez le chemin du Seigneur ». Pourquoi est-ce urgent ? Parce que, comme dit le prophète, il faut consoler le peuple, il faut le guérir de ce qui le fait souffrir. En cardiologie, quand les artères sont bouchées, sans tarder, les médecins libèrent le passage du sang ; de même, quand l’amour ne circule plus entre les gens, il faut aussi intervenir sans tarder. Quand les artères sont débouchées, le malade est sauvé ; quand les relations sont à nouveau basées sur l’amour et la justice, l’humanité est sauvée. C’est pour apporter ce salut que le Christ veut venir chez les hommes.
Où sont les bouchons à faire sauter ? quelles sont les passages obstrués ?
Il me semble qu’un passage à libérer, c’est l’accès à la Parole de Dieu. Benoit XVI le rappelait en 2008 : « Il n’existe pas de priorité plus grande que celle-ci : ouvrir à nouveau à l’homme d’aujourd’hui l’accès au Dieu qui parle et qui nous communique son amour ». Frères et sœurs, vous ne pouvez pas dire que ce sont les autres qui vous empêchent de lire un paragraphe de la Bible chaque jour et de le commenter avec les membres de votre famille. C’est donc en chacun que s’est installé une forme de paresse, ou l’idée que le Seigneur ne peut être rencontré que lors du partage du pain eucharistique. Non, on rencontre le Seigneur aussi quand on partage sa Parole, en famille, avec quelques voisins… Ce qui suppose que l’accès à la Parole de Dieu ne soit pas barré.
« Préparez le chemin du Seigneur » ! Parmi les barrages qui empêchent le Seigneur de circuler parmi les hommes, il y a ces réflexes qui empêchent de s’approcher des frères. C’est grave parce que l’accueil que nous faisons aux frères, c’est l’accueil que nous faisons au Seigneur ; le non-accueil des frères, c’est le non-accueil du Seigneur. Pour préparer le chemin du Seigneur, ne faudrait-il pas que nous passions du chacun pour soi à l’attention aux autres, de la consommation au sacrifice, de l’avidité à la générosité, du gaspillage à la capacité de partager, de « ce que je veux » à « ce dont le monde a besoin »? Le pape François exprime que quand l’amour de Dieu ne circule pas entre les hommes, on prépare inévitablement la guerre : « L’obsession d’un style de vie consumériste ne pourra que provoquer violence et destruction réciproque » ; ne pas partager conduit à « de nouvelles guerres déguisées en revendications nobles ». Frères et sœurs, les manières du monde obstruent le passage de l’amour : à notre mesure, dégageons ce passage : ce sera la joie de Noël.
« Préparez le chemin du Seigneur ». Pour que le Seigneur passe dans nos vies personnelles, que faut-il évacuer ? Peut-être notre manière égoïste d’utiliser notre temps, de gérer notre argent… notre habitude à voir la paille dans l’œil des autres et à les condamner a priori… notre habitude de voir les choses en fonction de notre intérêt et non avec la volonté de chercher l’intérêt de tous. Même si nous disons au Seigneur « venez, divin Messie », il ne pourra venir que si nous cherchons des relations pures de toute domination, de toute injustice… Dans son exhortation sur l’écologie intégrale, le pape François dit ceci : « Nous ne pouvons pas soigner notre relation à la nature et à l’environnement sans assainir toutes les relations fondamentales de l’être humain » (LS 119)
« Préparez le chemin du Seigneur ! » En effet, Jésus est nommé « celui qui vient ». Et la fonction de l’Église est de dire aux gens « Jésus veut venir chez vous, le prince de la justice veut venir chez vous, le champion du pardon veut venir chez vous, le spécialiste de la paix veut venir chez vous ». Déjà, il y a trois semaines, saint Matthieu disait que le rôle de l’Église est de dire, dans la nuit du monde : « voici l’époux qui vient ». Frères et sœurs, devant tant d’obstacles à la circulation de l’amour, il faut intervenir de toute urgence. Ce serait notre manière de contribuer à ce que quelques personnes cessent de pleurer et retrouvent de l’espérance.
Nous nous préparons à Noël, à la venue du Christ ; il est bien de penser aux cadeaux (parce que les cadeaux font partie des relations d’amour et donc du royaume de Dieu) ; mais nous offririons un super cadeau si nous arrivions à évacuer une rancune, une injustice, un regard malveillant, … toutes ces réalités très solidement établies qui empêchent l’amour de Dieu de circuler. Puissions-nous nous appliquer à « consoler le peuple » !