Prédication du père Louis Groslambert pour la Nativité du Seigneur
Frères et sœurs, nous aimerions voir des sites, des pays, des expositions, … C’est une louable curiosité. Mais n’aimeriez-vous pas voir celui qui a créé les mondes, celui qui a préparé pour vous votre mari ou votre épouse, celui qui vous a donné toute sa confiance pour donner la vie à vos enfants… N’aimeriez-vous pas voir celui qui a envoyé Jésus le Juste, qui a montré sa fidélité jusqu’à la croix et qui a fait mourir la mort ? Si vous avez ce désir, vous n’êtes pas des curieux ; vous êtes des amoureux émerveillés. Les psaumes disent plusieurs fois « quand te verrai-je face à face » ? Nous apprécions d’entendre Dieu parler à notre conscience ; mais nous voudrions le voir ! Voir la source de tout amour ! Voir le maître de justice ! Par les prophètes, Dieu nous a parlé ; il a dit les plus belles vérités concernant la fidélité, la justice, la noblesse de tout homme… Mais cela n’apaise pas notre désir : nous voudrions voir Dieu ; le voir comme il nous voit, le connaître comme il nous connait.
Eh bien, à Noël, Dieu exauce notre désir, il se montre ! Dans la crèche, il n’a pas l’attirail d’un héros de dessin animé ; il a seulement un corps, le même corps que nous. A Marie qui a dit souvent « quand te verrai-je face à face », et qui berce son nouveau-né, Dieu dit « ceci est mon corps ».
Vous savez ce qu’est le corps humain ? C’est ce par quoi l’âme spirituelle peut s’exprimer et peut être rencontrée. Par votre corps, vous exprimez vos sentiments, vous serrez la main et l’on comprend la solidité de votre amitié ; vous embrassez et l’on comprend la chasteté de votre lien… C’est votre corps qui dit ce qui est dans votre cœur. Quand Dieu se fait homme et qu’il dit « ceci est mon corps », il dit ce qui est dans son cœur ; le corps de Jésus va manifester la miséricorde, la fidélité, la douceur, la bienveillance…
Il m’a paru que je serais utile en disant le motif de la fête de Noël : Dieu se montre dans un corps comme le nôtre. Donc notre corps est capable de montrer Dieu. Voyez quel respect il faut que nous ayons vis-à-vis de notre corps, et du corps des autres. Rappelons-nous que Dieu demeure en toute personne !
Et c’est pour cette raison que saint Paul parle de l’Église en disant « vous êtes le corps du Christ ». Donc Jésus dit à propos de l’Eglise : « ceci est mon corps » : si vous voulez voir quelque chose de la fidélité de Dieu, de sa bienveillance, de sa détermination à faire vivre… regardez la foule des saints, regardez l’Église.
Vous avez fait vos crèches : vous avez commenté auprès de vos enfants ou petits enfants la personnalité de chaque personnage ; à propos des bergers marginalisés, vous avez évoqué les humains humiliés aujourd’hui ; à propos de Marie et Joseph, vous avez évoqué les familles d’aujourd’hui… A propos d’Hérode qui met en branle ses soldats, vous avez évoqué toutes les victimes des guerres actuelles enfants maltraités … Et vous entendez la Parole éternelle dire « cette humanité, c’est mon corps » ? Les gémissements des vieillards abandonnés, ce sont mes gémissements ; la solitude des gens séparés par la guerre, c’est ma solitude… Ceci est mon corps.
Depuis que Jésus a célébré la Cène, il dit à propos de l’humanité : ceci est mon corps.
Nous avons chanté : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ. Ce n’est pas une histoire ancienne qui se passait dans une crèche lointaine ; aujourd’hui la force de l’amour est déposée dans la crèche qu’est le cœur de tous, la crèche qu’est votre cœur.
Parents et grands-parents, vous avez peut-être des faiblesses, mais vous avez dans le cœur la force d’avoir envers les enfants une patience, une bienveillance et une délicatesse merveilleuses ; vous êtes le corps du Christ.
Vous les plus jeunes, vous avez le désir de faire tomber les barrières, de partir en coopération, de bâtir un monde plus fraternel, il vous semble que rien ne peut vous arrêter : Dieu vous fait le cadeau de sa force comme il l’a fait à Jésus : vous êtes le corps du Christ.
Chez vous les retraités, Dieu a déposé la sagesse de savoir que le Seigneur qui a été à vos côtés pour franchir toutes les crises sera encore avec vous à l’avenir. Porteurs d’espérance, vous êtes le corps du Christ.
À chaque messe, nous répétons les paroles de Jésus « ceci est mon corps ». Mais à Noël, nous reprenons conscience que c’est par notre comportement corporel que Dieu se montre. C’est pourquoi, nous soulignons : « notre humanité faible mais forte, Jésus, c’est ton corps ! »