« Chemin faisant », hors d’un lieu de culte, dans une ville peu croyante – la Césarée de Philippe – Jésus pose la question : « pour les gens, qui suis-je ? ». Quand il demande « pour vous, qui suis-je ? », il demande « est-ce que je compte pour vous ? » J”sus demande notre profession de foi quand nous sommes dans le quotidien, parmi des personnes qui n’ont pas notre foi.
Prédication du père Louis Groslambert pour le vingt-quatrième dimanche du temps ordinaire
Lorsque Jésus demande « pour les gens, qui suis-je ?», il demande « est-ce que je compte pour les gens ? ». Et quand il demande « pour vous, qui suis-je ? », il demande « est-ce que je compte pour vous ? ». Frères et sœurs, Jésus demande à chacun : « Tu es baptisé ; à quel point est-ce que je compte pour toi ? J’ai une place dans ton cœur ; mais est-ce une place secondaire ou la place principale ? Est-ce que, dans tes décisions quotidiennes, tu tiens compte de mon avis ? Est-ce que dans l’organisation de ton temps, tu prévois un moment pour moi ? Est-ce que tu es bouleversé par le fait que j’ai donné ma vie pour toi ? Est-ce que, à cause de moi, tu te déranges pour les autres ? Est-ce qu’à cause de moi, tu oses aller à contre-courant de la société et à contre-courant de tes habitudes ? A cause de moi, est-ce que tu te convertis ?…»
Vous avez repéré que Jésus pose ses questions hors d’un lieu de culte, mais « chemin faisant », dans une région peu croyante puisque la ville principale – Césarée de Philippe -portait le nom de l’empereur païen César, et le nom du gouverneur romain Philippe. Donc, c’est parmi les païens que les douze sont conduits à faire leur profession de foi. Ici, à l’église, entre chrétiens, notre profession de foi a son importance ; mais Jésus demande notre profession de foi quand nous sommes dans le quotidien, parmi des personnes qui n’ont pas notre foi.
Donc, frères et sœurs, où faites-vous votre profession de foi ? où dites-vous la place que Jésus tient dans votre vie ? Vous faites votre profession de foi, quand vous vous exprimez sur le respect de chacun, sur la nécessité de partager avec les gens dans le besoin, sur le respect des migrants à accueillir etc… Selon que vous parlez de vos frères avec mépris ou avec respect, vous mesurez la place que tient dans votre vie celui qui n’a que de l’amour pour les autres ; selon que vous osez passer au plus bas pour valoriser les autres, vous mesurez quelle place tient en vous ce Jésus qui est passé au plus bas. Vous voyez que Jésus ne demande pas « sais-tu comment le catéchisme parle de moi ? » ; mais « quelle place est-ce que je tiens dans ta vie de baptisé ?».
Chemin faisant, nous rencontrons des groupes humains divisés, se blessant, faisant pleurer. Nous disons la place de Jésus dans notre vie si nous travaillons pour ouvrir un passage vers la réconciliation et la fraternité.
Chemin faisant, nous côtoyons des gens, et même des structures ou des institutions qui n’ont guère de respect pour les personnes, leur préférant le profit financier ou le prestige . Nous disons la place de Jésus dans notre vie si nous professons que toute la société est en meilleure santé quand elle garantit la dignité de tous et quand chacun donne sa vie pour les autres.
Chemin faisant, nous voyons des gens dont la préoccupation semble se limiter à leur confort et qui ignorent volontairement tant de souffrants. Nous disons la place de Jésus dans notre vie si, comme lui, nous donnons la priorité aux personnes en difficulté.
Et puis, Jésus enseigne qu’il va être torturé… et qu’il ne se dérobera pas à l’heure où il devra intensifier son amour au point de mourir pour les pécheurs et planter sur terre la croix, le signe de la présence de l’amour total. Du coup, je m’interroge : dans ma vie, quelle place tient Jésus dont la croix a été tracée sur moi lors de mon baptême ? Suis-je bouleversé quand je pense que mon Seigneur ne s’est pas dérobé mais est allé au bout de sa décision d’aimer qui, comme toute décision d’aimer, entraînait des souffrances… Quand Jésus crucifié me demande la place qu’il occupe dans ma vie, je répondrai en observant quelle place je fais au don de moi-même ; est-ce que, tous les matins, je prends ma croix, c’est à dire ma charge d’amour, de fidélité, de pardon… pour la distribuer ? Est-ce que, tous les matins, je dis sur moi « mon corps livré pour les autres ? » Inutile de dire « je crois au Christ crucifié », si je ne cherche que des plaisirs et des avantages… Quand Jésus qui veut rassembler en un seul corps tous les hommes me demande s’il compte dans ma vie, je répondrai en observant si j’élève des barrières entre les gens ou si je suis un homme du rassemblement, un homme de communion … une homme cohérent avec la communion reçue le dimanche…