En communion avec l’Église universelle, en célébrant l’amour du Père manifesté dans la chair du Verbe fait homme
et dans le signe de la croix, ancre du salut, nous avons ouvert solennellement l’année jubilaire pour notre Église de Belfort-Montbéliard en ce dimanche de la solennité de l’Épiphanie. En processionnant vers le baptistère de la cathédrale, par la lecture de la bulle d’indiction et méditation de la Parole, le peuple de Dieu s’est mis en route pour vivre l’Espérance.
L’espérance, en effet, naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix : « En effet,si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie » (Rm 5, 10).
Pape François, Bulle d’indiction du Jubilé Spes non confundit
Tous savoir sur l’Année Sainte : dépliant diocésain
Homélie de Mgr Denis Jachiet pour l’Épiphanie du Seigneur et l’entrée dans l’Année Sainte
Avez-vous remarqué quelque chose dans le ciel vendredi soir ? Le ciel hier soir était trop nuageux pour l’observer. On voyait vendredi soir le croissant de lune, qui est en phase croissante, accompagné d’un astre lumineux à son coté. Il s’agit de la planète Vénus, particulièrement grosse et visible ces jours-ci. Cela nous donne à penser que pour observer une simple étoile nouvelle dans le ciel, et non une planète, sans télescope, les mages de l’évangile ont dû faire preuve de beaucoup d’attention pour scruter le ciel.
Jésus dira : « l’aspect du ciel, vous savez en juger ; mais pour les signes des temps, vous n’en êtes pas capables. » (Mt 16, 3). Cette attention ne devrions nous pas l’avoir pour chercher à comprendre et discerner le temps que nous vivons et ce que le Seigneur attend de nous ?
En cette ouverture de jubilé, grâce aux mages, comprenons à quoi l’année sainte nous invite : se mettre en route, pèleriner dans l’Espérance, prier et adorer.
1 – Se rendre attentifs aux signes et se mettre en route
Dans leur pays inconnu d’orient, des mages ne sont pas contentés d’observer un phénomène céleste. Non seulement ils ont su voir l’étoile nouvelle au firmament mais ils ont su se mettre en marche vers la lumière naissante. Avons-nous l’attention nécessaire pour voir dans les obscurités de notre monde se lever une étoile ? On se lamente sur les ténèbres, observons-nous les étoiles ? Regarde, nous dit le prophète Isaïe : « les ténèbres couvrent la terre (…) mais sur toi se lève le Seigneur ». Aiguisons notre regard intérieur pour détecter les signes du Christ. Entendrons-nous ces appels à se mettre en route et à se convertir ?
Un questionnement qui me taraude, un évènement qui me fait réaliser mon péché, la rencontre d’une personne que je peux aider, un fort désir de justice et de vérité, tout cela peut-être cette étoile. Vais-je aller vers le Seigneur ? En cette année sainte cela peut-être : demander et recevoir son pardon dans le sacrement de la réconciliation, recourir à son indulgence qui m’accompagne sur le chemin de la pénitence, de la libération de l’attachement au mal et de la réparation de ses conséquence sur autrui ? Tout cela fait partie de la démarche jubilaire offerte, l’étoile qui brille dans notre nuit et m’appelle. Vais-je avoir la volonté de me mettre en marche vers la lumière qui m’a fait signe et de suivre son chemin ?
2 – Devenir pèlerins de l’Espérance
Les mages ont cheminé en suivant l’étoile. Et nous, qu’est-ce qui nous fait avancer ? Des objectifs, des espoirs humains, le bien de nos proches, sûrement. Mais au-delà, levons-nous le regard vers l’horizon de nos vies et celui qui attend maintenant et à l’heure de notre mort ? Dans sa bulle, le pape nous montre l’étoile à suivre.
« Nous rencontrons souvent des personnes découragées qui regardent l’avenir avec scepticisme et pessimisme, comme si rien ne pouvait leur apporter le bonheur. Puisse le Jubilé être pour chacun l’occasion de ranimer l’espérance. (…) Ce n’est pas un hasard si le pèlerinage est un élément fondamental de tout événement jubilaire. Se mettre en marche est caractéristique de celui qui va à la recherche du sens de la vie. » (Spes non confundit 1.5)
Au long de cette année devenons des pèlerins de l’espérance !
Allons puiser l’Espérance dans la grâce de Dieu. Allons « la redécouvrir également dans les signes des temps que le Seigneur nous offre. » Prêtons attention « à tout le bien qui est présent dans le monde pour ne pas tomber dans la tentation de se considérer dépassé par le mal et par la violence. » Transformons les signes des temps en signes d’espérance.
Devenons « des signes tangibles d’espérances auprès de nombreux frères et sœurs ». Ceux qui sont détenus, malades, migrants, seniors, laissés pour compte…
Pensons aussi à ces couples de plus en plus nombreux qui ont perdu le désir de transmettre la vie, aux populations qui manquent des ressources vitales, qui sont écrasées de dettes ou victimes des déséquilibres économiques et du dérèglement climatique.
Cheminer vers l’espérance n’a rien d’une attitude passive.
« Oui, nous devons “déborder d’espérance” pour témoigner de manière crédible et attrayante de la foi et de l’amour que nous portons dans notre cœur ; pour que la foi soit joyeuse, la charité enthousiaste ; pour que chacun puisse donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent. » (Spes non confundit 18)
3 – Adorer le Christ, s’offrir à lui
A l’approche de Bethléem, l’étoile se fait toute proche des mages et les précède. C’est un compagnonnage de tout instant. Arrivés ils éprouvèrent une très grande joie quand ils virent… l’enfant ? Non : l’Astre ! Cette étoile qui les a guidé tout au long du chemin n’était autre que le Christ lui-même. Ils ont découvert l’Astre qui les accompagnait : le Christ.
Telle est l’expérience des convertis qui découvrent que le Seigneur était au début de leur chemin vers lui. « Bien tard je t’ai aimée, o Beauté si ancienne et si nouvelle, je t’ai aimée bien tard ! Mais voilà : tu étais au-dedans de moi quand j’étais au dehors, et c’est dehors que je te cherchais. (…) Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ». « Je ne te chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé » St Augustin.
Non, le Christ ne se fait pas loin de nous puisqu’il est venu au milieu de notre humanité et de son obscurité. Il nous est donc donné, comme les mages, de faire des expériences lumineuses de la présence et de l’amour du Christ. Ces moments de Joie et de communion intense se traduisent en nous par une remise de soi à son Seigneur.
Qu’il nous soit donné pendant l’année jubilaire, de prendre des moments privilégiés de prière, de vivre cette adoration profonde du Christ, Dieu fait homme, attitude intérieure qui bouleverse l’âme et permet de repartir dans la foi.
En ce jubilé de l’Espérance, nous évêques de France vous invitons à redécouvrir profondément que « la joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus » et que « ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement » (Lettre des évêques de France 10/11/24 n°19).
Que l’année sainte nous donne de suivre l’Étoile, le Christ, qui est notre Espérance et d’en recevoir une grande joie.