Une messe d’action de grâces et d’au-revoir au père Philip Xavier Arul
Au service de notre diocèse comme curé de la paroisse Saint-Marc (Valdoie), depuis douze ans, le père Philip Xavier Arul quittera notre diocèse en mai.
- Il invite les fidèles qui l’ont connu à une messe d’action de grâces pour ce temps vécu dans notre diocèse ce 4 mai à 17h en l’église Saint-Joseph à Valdoie.
« Douze ans de vie avec vous, en tant que frère, étudiant, prêtre, curé, durant lesquels j’ai vécu tant de belles expériences. Leur nombre est incalculable. Aujourd’hui, le Seigneur m’appelle à une nouvelle mission à Sivagangai, d’où j’ai été envoyé pour vous. Avant de partir définitivement en Inde, j’aimerais célébrer ce passage avec vous à travers une messe ».
Rencontre avec le père Philip
(Interview publiée dans la Vie diocésaine d’avril 2025)
Père Philip, comment avez-vous concilié la charge curiale et le doctorat ?
J’ai mis en place un emploi du temps en consacrant toutes les matinées aux études et les après-midis aux différentes activités paroissiales, avec des plages horaires dédiées. Cette organisation m’a permis de tout assurer sereinement et même d’être aumônier de la diaspora indienne à Mulhouse que je rejoignais un dimanche par mois. Je repars en Inde avec beaucoup de gratitude et de satisfaction pour tout ce que j’ai vécu.
Quel était le sujet de votre thèse et comment envisagez-vous votre avenir ?
Pour ma thèse, il fallait un sujet de terrain, utile pour l’Église en Inde et pour ses acteurs pastoraux. Je l’ai trou- vé après un an de réflexion et de consultation avec des théologiens indiens : « Castes ou Christ ? Une réponse théologique et pastorale chrétienne pour promouvoir l’égalité relationnelle ». Je ne connais pas encore précisément mon avenir mais je voudrais rejoindre en Inde la paroisse la plus humble possible, au plus proche des pauvres, pour me réadapter à la culture et appliquer ce que j’ai découvert. Pour cette raison, je viens de refuser une responsabilité régionale, loin du terrain. Comment promouvoir une Église relationnelle où l’on se traite dignement, respectueusement, fraternellement ? Le contexte social de l’Inde est un système des quotas qui réserve certaines places dans l’éducation et l’emploi par castes. L’Église a malheureusement suivi ce système. Alors que les Dalits sont montés économiquement, ils ne bénéficient pas encore de considération sociale. Jésus a vécu aussi dans une société inégalitaire, avec des différences sociales entre les femmes et les hommes, les pharisiens, l’élite de la société et les esclaves. Dans ma thèse, j’ai observé la place que tient l’égalité dans les Évangiles, en trouvant notamment que Jésus la vit à table, lors des repas qu’il prend avec tous, indépendamment de leurs différences. Le récit de la multiplication des pains est évocateur, c’est une grande table de communion, fraternité, égalité et de guérison des blessés où tous mangent ensemble (dans la société d’alors, il y avait un ordre précis de passage à table, tous ne mangeaient pas en même temps). J’ai fait des propositions d’action dans sept domaines pastoraux pour transmettre ce message d’une Église relationnelle : les sacrements d’initiation, la vie de la communauté de proximité, la catéchèse, les pèlerinages, la liturgie, la formation du clergé et des religieux/religieuses, le renforcement du potentiel des Dalits dans le dialogue inter-castes.
Qu’avez-vous découvert de l’Église en vivant ici ? Qu’emportez-vous ?
J’ai développé ici une sensibilité particulière aux personnes âgées qui sont très actives dans les communautés. J’ai beaucoup apprécié la préparation au baptême où l’on prend le temps avec les familles. Je voudrais développer ce type de rencontres en Inde. J’emporte aussi l’idée de la marche-pèlerinage que je souhaiterais reproduire en ciblant des veuves, un domaine pastoral peu exploré en Inde. Je me suis attaché ici à bâtir une paroisse participative et intergénérationnelle. Je repars avec la satisfaction de voir plus de quatre-vingt personnes en- gagées dans les différentes équipes et trois associations. Je continuerai à vivre cette Église participative en Inde en créant le plus possible d’équipes pastorales intergénérationnelles.
Propos recueillis par Justyna Lombard