Lors de la fête de l’Épiphanie, l’Église fête l’adoration des rois mages venus à Bethléem adorer l’enfant Jésus. Traditionnellement le 6 janvier, elle est fêtée en France le 2ème dimanche après Noël.
Ne venons-nous pas à la messe, comme les mages qui sont venus adorer Jésus ? Comme il avait attiré les mages, le Christ nous a attirés, malgré tous les travers païens qu’il y a en nous. Et nous sommes venus parce qu’à nos yeux, le Christ est l’étoile dans la nuit du monde, la vraie lumière pour notre société.
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Prédication du père Louis Groslambert pour l’Épiphanie du Seigneur
Avant la 1ère lecture
Quand les enfants des déportés sont rentrés de Babylone, ils ont vu leur pays tout dévasté par des voisins qui avaient pillé les richesses pendant 70 ans. Spontanément ils ont pris leurs voisins pour d’affreux prédateurs. Mais Dieu considérait ces voisins comme des gens qui se convertiraient. Écoutons comment Isaïe révélait ce qui ne sautait pas aux yeux : c’est en effet la fonction du prophète. (lecture)
A la population qui sombre dans la tristesse, le prophète dit que le Seigneur met en elle toute sa lumière ; il dit que les voisins ne viendront plus pour piller mais pour quémander humblement la sagesse ; il dit que les peuples païens viendront pour enrichir le pays en apportant des trésors, des parfums ; il dit que les peuples « annonceront les exploits du Seigneur » ; en fait le prophète annonce une vraie résurrection pour le pays.
En France, ce qui saute aux yeux, c’est que souvent, les non-chrétiens considèrent que notre foi est sans intérêt, que nos schémas sont dépassés, que nous ne sommes pas modernes. Nous basant sur la parole d’Isaïe, nous devons dire qu’un jour viendra où ces gens là apprécieront la sagesse de notre foi. Ils se joindront aux chrétiens. Et même, dès maintenant, nous voyons des non-chrétiens qui apportent leur part à la construction du royaume de Dieu.
Prenons un instant de silence pour dire :
Seigneur, tu sauras ouvrir le cœur de ceux qui ne croient pas en toi (bis par tous)
Après la 2ème lecture
Nous, le petit reste, nous sommes inquiets en constatant que la foi ne se transmet que très peu ; les parents et grands parents sont peinés parce que les petits enfants ne sont pas baptisés et ne vont pas au caté. Or st Paul vient de dire qu’il ne faut pas croire que tout est perdu, puisque « les nations païennes sont associées au même héritage » que les croyants. Cette parole me semble bien libératrice. Dieu s’applique à préparer les non croyants – parmi eux vos enfants -, à recevoir la beauté de l’évangile ; il le dit, et il a l’habitude de faire ce qu’il dit. Notre inquiétude peut cesser. Disons
Père, à tous tes enfants, tu donnes Jésus en héritage (bis par tous)
Père, par ton Esprit, tu visites tous tes enfants (bis par tous)
Après l’évangile
Au moins cinquante ans se sont passés entre la résurrection et la mise par écrit de l’évangile, jusque là transmis par oral. Pendant ce temps, dans leur activité missionnaire, Pierre et Paul ont constaté que Dieu attire les Païens (c’est raconté dans les Actes des apôtres) ; comme disait le prophète « tous se rassemblent, ils viennent vers toi ». En racontant que des païens sont attirés vers le Christ, saint Matthieu dit simplement que les prophéties s’accomplissent, notamment celle de la 1ère lecture.
Croyons, nous aussi, que tous les hommes sont attirés vers le Christ, que, dès maintenant, le Christ attire les gens des autres religions. La vérité est attirante, la justice est attirante, la fraternité est attirante…Le Christ est attirant.
Autre idée : nous lisons le récit des mages dans le cadre de l’eucharistie ; n’êtes-vous pas frappés qu’en venant à la messe, nous reproduisons la démarche des mages.
D’abord, comme il avait attiré les mages, le Christ nous a attirés, malgré tous les travers païens qu’il y a en nous. Et nous sommes venus parce qu’à nos yeux, le Christ est l’étoile dans la nuit du monde, la vraie lumière dans la société qui est plongée dans les ténèbres du fait des violences, de la voracité à posséder, de l’individualisme et de mille autres esprits mauvais. Frères et sœurs, la personne du Christ nous attire par sa justice, sa bonté jamais lassée, sa décision à mourir pour les coupables… Alors nous sommes venus à la messe pour chercher le Christ… comme les mages l’ont cherché à Jérusalem.
Et puisque nous cherchons le Christ, nous avons eu recours aux Ecritures comme les mages. Les Ecritures ont dit que le Christ se trouve à Bethléem, à l’endroit le plus modeste. Du coup, nous trouvons le Christ dans le modeste pain partagé, et dans le banal don de soi quotidien. Et puis, comme les mages, nous avons envie de lui offrir tout, c’est à dire ce que lui-même nous a donné : nous offrons notre santé, notre confiance, et le fruit du travail des hommes, y compris des païens. Et puis, nous repartirons ; mais par un autre chemin ; car, ayant trouvé le Christ, l’étoile, nous ne suivrons plus le chemin du découragement, mais celui de l’espérance ; nous ne suivrons plus le chemin du matérialisme mais celui du partage ; notre vie sera nouvelle.
En un mot, à la messe, malgré nos restes de paganisme, nous rencontrons le Christ qui fait ressusciter. L’histoire des mages, c’est notre histoire. Notre histoire est heureuse !