Vingt-troisième dimanche du temps ordinaire

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Publié le 5 septembre 2023

« S’il t’écoute, tu as gagné ton frère » (Mt 18, 15-20)

Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus nous interpelle sur la correction fraternelle. Au tout début de la Bible, Dieu ne demande pas à l’homme s’il croit en lui ; il lui demande : qu’as-tu fait de ton frère ? Le soin du frère est essentiel. Tu prétends aimer Dieu, mais quand ton frère avait faim, soif… lui as-tu donné à manger, à boire ? La manière de vérifier que tu aimes Dieu, c’est de regarder si tu aimes ton frère.

Prédication du père Louis Groslambert pour le vingt-troisième dimanche du temps ordinaire

En venant ici, vous saviez d’avance que l’on répèterait l’invitation à aimer les autres. Mais, on emploie le verbe aimer dans deux sens opposés. Aimer vos enfants, ce n’est pas comme aimer le chocolat. Dans un cas, on cherche le bien de l’autre personne, dans l’autre cas on cherche son plaisir personnel.

Le poète malicieux Jacques Prévert a laissé un petit poème : « tu dis que tu aimes les oiseaux, et tu les mets en cage ; tu dis que tu aimes les fleurs, et tu les coupes ; tu dis que tu aimes les poissons et tu les manges ; alors quand tu dis que tu m’aimes, j’ai peur ». Voyez qu’il faut réfléchir : aimons-nous vraiment quand nous sommes attachés à une personne pour ce qu’elle nous apporte ? Ou aimons-nous vraiment une personne quand nous faisons tout pour qu’elle dispose de tout son nécessaire. Selon Jésus, aimer quelqu’un, c’est tout faire pour qu’il marche sur le chemin de la justice et qu’il grandisse.

Au tout début de la Bible, Dieu ne demande pas à l’homme s’il croit en lui ; il lui demande : qu’as-tu fait de ton frère ? Le soin du frère est essentiel. Tu prétends aimer Dieu, mais quand ton frère avait faim, soif… lui as-tu donné à manger, à boire ? La manière de vérifier que tu aimes Dieu, c’est de regarder si tu aimes ton frère.

Regardons encore comme Jésus a aimé ceux qui s’étaient égarés : il dit à Zachée « tu t’es fourvoyé, mais je te parle pour que tu retrouves ta vocation et que tu grandisses » ; il dit à Pierre le renégat : « tu m’as renié, mais je suis là pour que tu reviennes à ta vocation et que tu grandisses ». Il dit à chacun de nous « ta vie est faite de lumière et d’ombres, mais je suis là pour que tu retrouves ta vocation et que tu grandisses ». Bref, Jésus est notre supporter.

Alors quand Saint Paul dit « supportez-vous les uns les autres » : ça ne veut pas dire : « les autres ont leurs limites, il faut faire avec » ; ça veut dire « soyez les supporters les uns des autres ». Vous, les parents, spontanément, vous ne vous contentez pas de supporter vos enfants, vous êtes plutôt leurs supporters ! Saint Paul demande qu’on soit supporters des autres parce que c’est une dette que l’on a à leur égard. C’est une dette de réconforter celui qui peine, d’encourager celui qui hésite à persévérer, de prêter une oreille attentive à quelqu’un, .. et aussi de faire quelque chose – patiemment – pour remettre sur le bon chemin celui qui en prend un mauvais.

Dans la parabole de l’ivraie, le maître refuse qu’on supprime l’ivraie ; il nous apprend à nous comporter avec patience envers les pécheurs. Nous sommes tous pécheurs ; nous ne sommes pas une communauté de fervents, d’irréprochables, qui prétend expulser les déviants, … Nous sommes tous pécheurs avec une poutre dans l’œil qui nous empêche de dénoncer la paille chez l’autre. Nous sommes, en revanche, capables de dire à celui qui a une paille : « n’oublie pas ta vocation ».

Saint Matthieu conseille de parler avec le pécheur. Pas parler dans son dos en disant : « untel, tu es au courant, si c’est pas malheureux de voir ça ! » mais parler avec lui. Frères et sœurs, voici comment Jésus parle avec les pécheurs que nous sommes : Il ne guerroie pas avec nous, ne nous fait pas de reproche, ne nous fait pas la morale ; il dit seulement « regarde, j’ai donné ma vie pour toi ».

L’Église, c’est une caravane immense où des boiteux guident des aveugles, où chacun a son handicap, où chacun soutient et est soutenu par les autres. Dans l’Église, il faut s’entraider.

Le Christ se fait le supporter des hommes pécheurs et il dit «mon corps livré pour vous ». Nous nous attendions à entendre parler d’amour ; alors écoutons bien ce que le Christ dit aux pécheurs : « mon corps livré pour vous ».

Méditer avec l’émission Parole pour un dimanche sur RCF

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