L’Ascension du Seigneur
La fête de l’Ascension célèbre la montée de Jésus vers Dieu son Père. Elle est fêtée en France le jeudi de l’Ascension, quarante jours après Pâques. Mort et ressuscité, il quitte ses disciples tout en continuant d’être présent auprès d’eux, mais différemment. Il promet de leur envoyer une force, celle de l’Esprit-Saint.
La fête de l’Ascension, célébrant l’entrée du Christ dans la gloire de Dieu, est une des principales fêtes chrétiennes, qui s’inscrit dans le prolongement de Pâques et annonce la Pentecôte, dix jours plus tard.
Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? Alléluia, comme vous venez de le voir monter au ciel, ainsi reviendra-t-il, alléluia, alléluia, alléluia !
Jésus rejoint son Père
L’Ascension est relatée par l’évangile de Marc (chapitre 16, verset 19), l’évangile de Luc (chapitre 24, verset 51) et le livre des Actes des Apôtres (chapitre 1, versets 6-11). Le livre des Actes des Apôtres rapporte que, quarante jours après Pâques, Jésus apparaît une dernière fois à ses disciples et leur annonce : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins (…) jusqu’aux extrémités de la terre ». Après ces paroles, ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. L’évangile de Luc précise quant à lui que les apôtres « retournèrent à Jérusalem, remplis de joie ».
Ainsi s’achève le temps des rencontres du Ressuscité avec ses disciples. Cependant, selon sa promesse, Il sera toujours avec eux, mais d’une présence intérieure : ils ne le verront plus de leurs yeux. Le Christ n’est plus visible, mais il n’abandonne pas ses disciples. Il leur promet la venue de l’Esprit à la Pentecôte.
Homélie du père Louis Groslambert pour la solennité de l’Ascension
Frères et sœurs, il y a 40 jours, en fêtant Pâques, nous disions en trois mots l’essentiel de la foi : « Christ est vivant ». Ce message a été explicité dans les lectures qui racontaient les comment Jésus a montré ses plaies à Thomas, comment il a dit à Pierre « m’aimes-tu ? », comment il nous conduit comme le bon berger conduit son troupeau … Christ est vivant !
Qu’est-ce que l’Ascension ajoute à ces trois mots ?
D’abord, tandis que Pâques avait dit que Jésus n’est pas vivant au sens où son cadavre aurait été réanimé, l’Ascension révèle que Jésus-homme est emporté vers Dieu. L’Ascension précise donc que le Christ emporte vers Dieu tout ce qui fait l’humain. Il s’était abaissé dans l’humble condition des pauvres ; eh bien, il emporte vers Dieu ce trésor qu’est la vie des pauvres. Il avait révélé comment l’amour animait tout ; eh bien, il emporte vers Dieu tous les efforts que font les scientifiques, les poètes, les mystiques, et chacun de nous, pour formuler tous les mystères de la vie, toute la recherche de la sagesse… Il a travaillé, transpiré, subi des échecs ; eh bien, il emporte vers Dieu tout le travail des hommes, leurs joies et leurs peines. Bref, il était venu dans notre chair ; eh bien, il emporte vers Dieu tout ce qui fait notre chair. Frères et sœurs, quand l’homme Jésus monte vers Dieu, il révèle la destinée divine de vos joies, de vos peines, de votre personne. Vous êtes nobles puisque toute votre vie va vers Dieu – monte vers Dieu – comme le ressuscité.
On voit bien que le mot « monter » est pris au sens figuré, comme quand on dit que l’élève monte dans la classe supérieure ou que le militaire monte en grade. Jésus monte, non pas en changeant d’altitude, mais en recevant l’autorité de conduire à Dieu toute la vie humaine. Il fait cela jour après jour, parce qu’il est vivant, actif.
Qu’est-ce que la fête de l’Ascension ajoute à l’affirmation que Jésus est ressuscité ? Pâques pourrait faire croire que ce qui importe, c’est seulement l’au-delà. Quand Karl Marx écrivait que la religion est l’opium du peuple, il accusait les chrétiens d’avoir les yeux constamment fixés sur ce qu’on appelle improprement le spirituel, et donc de négliger leur devoir pour que les relations humaines soient plus respectueuses des libertés, des dignités des personnes. Il se trouve que l’ange mettait en garde contre cette dérive : « ne restez pas à regarder le ciel » ; préoccupez-vous des relations humaines sur terre : aimez-vous. L’Eglise qui croit au ciel, dit le pape, doit sur terre, être une oasis de miséricorde ; comme un hôpital de campagne, elle doit soigner les blessures, réchauffer les cœurs, descendre dans la nuit où sont les frères ; chaque baptisé doit dire sur soi « mon corps livré pour vous ». En effet, le Christ dit à chacun : « tu vois tout ce qui détériore l’humanité… eh bien, fais ta part pour que des larmes ne coulent plus… fais ta part, pour que telle personne soit moins découragée… fais ta part pour que les enfants découvrent la foi… fais ta part pour que les gens qui travaillent soient traités avec justice… fais ta part pour que la présence du Christ fidèle et pardonnant soit manifeste. » Croire au ciel va de pair avec travailler sur la terre.
Attention ! c’est un commandement de regarder le ciel, de s’appuyer sur la promesse de Dieu et de faire grand cas de ses dons. Mais, comment ne pas se soucier de tous ceux qui ne regardent jamais le ciel, soit parce qu’ils n’ont pas le nécessaire vital sous forme de nourriture, d’affection, de sécurité ; soit parce qu’ayant infiniment plus que le nécessaire, ils sont enlisés dans le matériel, prisonniers des choses de la terre ?
Le Christ n’est plus à côté de nous mais en nous ; il n’est plus seulement notre compagnon de route, mais il est notre force pour marcher. Le Christ n’offre plus sa présence aimante à nos côtés, il est devenu notre force d’aimer. Il est vivant. Il fait vivre.