Dieu nous appelle ; il veut nous associer à son œuvre en nous donnant une mission : Dieu dit à Isaïe « qui enverrai-je ? » et Jésus dit aux pêcheurs « je vous ferai pêcheurs d’hommes ». Dans nos missions d’éducateurs, de catéchistes, de militants…, nous connaissons l’échec, comme Pierre revenu bredouille de sa pêche. Nous jugeons le bien fondé de nos travaux sur le critère de l’efficacité. Or Jésus demande à Pierre et à ses compagnons de se remettre à l’œuvre là où ils avaient échoué. La persévérance fait partie de la foi en Jésus.
Ce dimanche nous fêtons le Dimanche de la Santé, à proximité de la fête de Notre Dame de Lourdes.
Prédication du père Louis Groslambert pour le cinquième dimanche du temps ordinaire
Frères et sœurs, vous conviendrez que ces récits d’appel sont impressionnants. L’appel adressé à Isaïe et l’appel adressé à Pierre, Jacques et Jean sont suivis de la même réponse. Quand Isaïe a été appelé, il a répondu « me voici, je serai ton messager » ; quand les pêcheurs du lac ont été appelés, ils ont tout laissé et ils ont suivi Jésus. Impressionnante disponibilité ! Ces gens ont mis en pratique immédiatement le conseil de Marie : « faites tout ce qu’il vous dira ».
Frères et sœurs, puisque Pierre et les autres n’ont pas été déçus de croire en Jésus et de lancer leurs filets sur son ordre, nous ne serons pas déçus de croire en Jésus, de pratiquer le pardon, l’offrande de nous-mêmes, l’attention fraternelle… tout ce que Jésus demande. Croire en Jésus ! Voyez sur quoi se base la foi de Pierre. Lui, le professionnel de la pêche qui n’avait pris aucun poisson, n’a pas rétorqué « je connais mon métier… je sais bien que ça ne marche pas ». Au contraire, comme Jésus lui avait suggéré de repartir pêcher, il a obéi et s’est réjoui de ramener beaucoup de poissons. Et voilà le raisonnement sur lequel se base la foi de Pierre : « si Jésus qui n’est pas du métier est plus fort que moi dans ce domaine où je suis imbattable, alors il ne peut être qu’habité de la force de Dieu. »
On le voit, il y a dans notre acte de foi, la reconnaissance de la supériorité de Dieu. Nous croyons en lui parce que nous reconnaissons qu’il est infiniment plus sage que nous, infiniment plus fidèle que nous, infiniment plus généreux que nous. Comme Isaïe, comme Pierre, nous ne pouvons que reconnaître notre petitesse et lui dire « toi, viens à mon aide… et moi, je me mets à ton service ».
Alors Dieu nous appelle ; il veut nous associer à son œuvre en nous donnant une mission : Dieu dit à Isaïe « qui enverrai-je ? » et Jésus dit aux pêcheurs « je vous ferai pêcheurs d’hommes ». Mais, voilà : dans nos missions d’éducateurs, de catéchistes, de militants…, nous connaissons l’échec, comme Pierre qui est revenu bredouille de sa pêche ; nous disons « on a déjà essayé ceci, ça n’a pas été fructueux, donc on ne va pas réessayer »… Nous jugeons le bien fondé de nos travaux sur le critère de l’efficacité. Or Jésus demande à Pierre et à ses compagnons de se remettre à l’œuvre là où ils avaient échoué. Autrement dit, la persévérance fait partie de la foi en Jésus… Charles de Foucault semblait avoir échoué puisqu’il n’a fait aucune conversion tout au long de sa vie d’ermite au Sahara ; mais cela ne l’a pas découragé. Et nous avons fait des heures de catéchisme au terme desquelles nous ne voyons pas beaucoup de jeunes prendre le chemin de l’Église… mais nous continuons le catéchisme… La persévérance fait partie de la foi des hommes parce qu’elle fait partie des manières de Dieu : des millions de fois, Dieu a essayé de me convertir ; il n’a pas eu beaucoup de succès… mais il continue encore d’essayer de me convertir.
Pour finir, je voudrais développer un peu la parole « pêcheurs d’hommes ». Il est clair que la pêche désigne l’activité missionnaire. Dans quels filets aurions-nous la joie de prendre des hommes ? Évidemment, pas dans des filets qui emprisonnent ! Mais dans les filets des réalités qui rendent libres : les filets de la belle fraternité, de la joyeuse entraide, de l’enthousiasmant service des frères. En un mot, nous ferions des heureux si – au prix d’une grande persévérance – nous attirions au Christ les gens qui sont orientés vers le chacun pour soi et vers les mépris. Regardez la croix : c’est en vous montrant son grand amour que le Seigneur vous a pris dans son filet… et vous en êtes heureux. Le Seigneur peut prendre dans les filets de la charité beaucoup de gens ; il peut saisir beaucoup de gens par la beauté de la générosité ; il peut bouleverser beaucoup de gens par la justesse du pardon ; il peut combler beaucoup de cœurs par la sagesse qui fait dire « mon corps livré pour les autres ». Ce qui est incontestable, c’est que 12 apôtres sont partis de Jérusalem et qu’un siècle plus tard, l’évangile s’était répandu dans le bassin méditerranéen et jusqu’à Lyon où il y avait un évêché en 150… et peu après à Mandeure.
Rendons grâce à Dieu : c’est lui le maître de la pêche, le maître de l’activité missionnaire, parce qu’il manie parfaitement le filet de l’amour. Et laissons-nous prendre dans ses filets : il est doux d’être pris dans le filet de la tendre fidélité, dans le filet du pardon, dans le filet de la réconciliation.