Même en comités restreints, les réveillons nous ont permis de nous rassembler dans la joie, d’échanger des cadeaux et de partager des mets de fête. Cependant pour nous, Noël n’est pas n’importe quelle fête. Ce qui fonde notre joie n’est pas accessoire, c’est la naissance de Jésus, Fils de Dieu et Sauveur des hommes.
Le prologue de l’évangile selon St Jean nous aide à mettre ensemble la joie festive de ce jour et l’événement passé de Bethléem. Ce prologue du quatrième évangile nous fait saisir la profondeur d’une réalité qui ne se comprend que dans la foi. Il montre que ce qui s’est passé à la crèche fonde et éclaire l’expérience spirituelle de chacun de nous.
L’enfant né à la crèche est le Verbe et il fait sa demeure chez ceux qui le reçoivent. Il est : une lumière dans la nuit, une parole dans nos vies, le Fils en qui nous somme aimés.
1 – La lumière dans une année de ténèbres
« La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » C’est la nuit des hommes que vient éclairer la lumière du Verbe. Sa naissance est victoire sur le mal.
Les ténèbres n’ont pas manqué cette année. Les crises sanitaire, sociale, environnementale. Les violences qui règnent dans notre monde : celle terrible des abus commis sur les enfants, celle des atteintes à la dignité des personnes dans la presse et sur les réseaux sociaux, celle de la délinquance et du terrorisme…
Comment comprendre que le Verbe est la vraie lumière qui brille dans ces ténèbres ? Il y a plusieurs sortes de lumière. L’éclairage d’une salle d’opération ou d’un plateau télé est cru, il révèle tout même les détails du champ d’opération ou du visage en gros plan. A tel point qu’il faut se faire maquiller avant de passer sous les spots de la TV sous peine que des cernes sous les yeux apparaissent comme des coquards !
L’éclairage d’un diner aux chandelles laisse deviner les visages à partir de leur mouvement, des expressions qu’ils prennent. Il ne met pas à nu, il révèle. J’aime cette école de peinture qui, à partir du XVe siècle présente la nativité de nuit éclairée par la lumière qui vient de l’enfant Jésus.
C’est le Christ qui nous donne l’éclairage juste sur nos vies, sur les actes à poser, les décisions à prendre. La lumière du Verbe est révélation du bien dans le monde et dans les cœurs. Il permet de poser un nouveau regard sur le monde à partir du Royaume qui grandit.
Dans no ténèbres, Dieu veut révéler au monde ce que fait l’amour du Seigneur dans le cœur de l’homme. Il vient au milieu de nous, il donne chair à notre Espérance.
2 – La Parole devient homme
Aujourd’hui l’Espérance s’est approchée de nous. Elle a lui dans les ténèbres. Elle a réchauffé les cœurs, en commençant d’abord par les plus simples et les plus démunis, les bergers. Aujourd’hui l’Espérance a pris un visage, celui d’un nouveau-né. Comment cet enfant Sauveur pourra-t-il affronter le monde pour le ramener à la bonté de Dieu ?
Dieu a une parole éternelle, son Verbe qu’il n’a cessé de vouloir transmettre à son peuple. « Dans le passé Dieu a parlé à nos pères par les prophètes » dit l’épitre aux Hébreux. Le problème est que son message d’amour éternel qui a été consigné dans la Loi, proféré par les prophètes, médité dans les livres de Sagesse est toujours resté incompris des hommes.
J’ai toujours de la peine quand je constate que les mots par lesquels le Verbe se dit : pitié et fidélité, charité et miséricorde, amour et bonté sont réduits et caricaturés en attitude de légalisme, de condescendance ou de paternalisme. Nos mots humains sont blessés, ils ne parviennent plus à transmettre le message immense du Verbe. La Parole divine pour nous atteindre passe par les événements de l’histoire sainte. Et pour nous rejoindre enfin pleinement, elle vient jusque dans notre chair mortelle. Le Verbe s’est fait chair.
3 – Devenir fils et filles de Dieu dans le Fils unique
« Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire. » Qu’est-ce qui permet à l’évangéliste l’audace de passer à la 1ère personne pour parler de Dieu ?///
Il livre son expérience d’Apôtre, témoin de Jésus-Christ. En lui Dieu vient au monde comme Fils pour nous rendre fils et filles de Dieu. Cette vérité n’est pas seulement à connaitre, à contempler de loin, comme si cela ne changeait pas grand-chose pour nous. C’est la révélation du mystère de Noël, la Bonne Nouvelle qui change tout et chasse les ténèbres. Écoutons ce qu’en dit le pape François :
« Aujourd’hui Dieu nous émerveille et dit à chacun de nous : “Tu es une merveille”. Sœur, frère, ne perds pas courage. (…) Dieu te dit : “Courage, je suis avec toi”. Il ne te le dit pas en paroles, mais en se faisant fils comme toi et pour toi, pour te rappeler le point de départ de toute renaissance : te reconnaitre fils de Dieu, fille de Dieu. C’est cela le cœur indestructible de notre espérance, le noyau incandescent qui soutient l’existence : sous nos qualités et nos défauts, plus forte que les blessures et les échecs du passé, les peurs et les inquiétudes pour l’avenir, il y a cette vérité : nous sommes des fils aimés. Et l’amour de Dieu pour nous ne dépend pas et ne dépendra jamais de nous : c’est un amour gratuit, une pure grâce. (…) Rien n’est plus précieux » Homélie de la nuit de Noël 2020.
Frères et sœurs, si nous sommes les enfants bien-aimés du Père dans le fils unique, l’enfant Jésus, Verbe éternel devenu pour nous un nourrisson couché dans la crèche, qu’avons-nous à craindre, que pourrait-il nous arriver ?
Dieu nous a donné son Fils et en lui il dit à ceux qu’il engendre par la foi : « Je serai pour toi un Père, tu seras pour moi un fils ». Soyons dans la joie, aujourd’hui Dieu nous aime comme nous sommes, comme ses propres fils et filles, et nous invite à aimer ainsi.