Jésus prend son dernier repas avec les douze Apôtres dans la salle dite du « Cénacle ». Saint Paul et les évangélistes Marc, Luc et Matthieu rapportent les récits de la Cène au cours de laquelle, en prenant le pain et le vin, le Christ rend grâce et offre son Corps et son Sang pour le salut des hommes.
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Demeurez ici et veillez avec moi
Au cours de ce repas, Jésus va se mettre à genoux devant chacun de ses disciples et leur laver les pieds. Il prend la tenue de serviteur et dit : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous. » Au cours de la messe célébrée avec solennité, on répète le geste du lavement des pieds.
Après ce repas de la Cène, l’heure de l’épreuve approchant, le Christ se rend au jardin des Oliviers avec les apôtres pour veiller et prier.
Le Jeudi Saint, l’Église célèbre la messe « en mémoire de la Cène du Seigneur », puis le Saint Sacrement est déposé au « reposoir », l’autel est dépouillé, la croix est enlevée et voilée. Tout ce dépouillement : le Christ est entré dans sa passion, dépouillé de tout. C’est une nuit d’adoration, les fidèles s’unissent à la prière du Christ ce soir-là, en veillant auprès du Saint-Sacrement (le pain et le vin consacrés au cours de la messe) jusque tard dans la nuit.
Homélie du père Louis Groslambert pour le Jeudi Saint
Frères et sœurs, Saint Jean raconte que Jésus a voulu connaître le mal tel que le connaissent à tout moment les gens trahis, les victimes de faux témoignages, les enfants les femmes et les hommes battus même par des proches, assassinés, persécutés, torturés… et tous ceux qui souffrent de maladie ou d’autres maux. Bref, Jésus l’immortel vivant n’avait pas en lui de quoi souffrir et mourir ; il a voulu prendre de nous ce qui nous fait mourir. Et nous qui n’avons pas en nous de quoi vivre, il a voulu nous le donner. Voyez cet admirable échange. Ce qui vient de nous, c’est par cela qu’il est mort ; ce qui vient de lui, c’est par cela que nous vivons !
Qu’est-ce qui fait que cela nous sauve ? Cela répond à question fréquente : « que fait Dieu pendant que les hommes souffrent ? S’il est tout puissant, ne devrait-il pas faire cesser de toute son autorité les barbaries et les cruautés ?… Où est Dieu quand les gens de Gaza meurent de faim, quand des millions de gens sont les victimes des armes en Ukraine, en Arménie et en mille autres endroits, quand des enfants sont abusés, quand des femmes sont violées ?… ». Un des récits de la Shoah rapporte que, devant toute la population du camp d’Auschwitz, à titre de punition exemplaire, les SS avaient pendu un certain nombre de prisonniers. Obligés de regarder ce spectacle, un prisonnier dit « Où est Dieu ? » ; et un autre répond : « Il est là, pendu avec eux ». Désormais chacun peut se dire « il est à mon côté, il ne m’abandonne pas » ; Il est inséparablement lié à tous les souffrants. Voilà pourquoi le Christ souffrant sauve les hommes. De plus, c’est en aimant jusqu’au sang que Dieu montre sa gloire. Le Vendredi saint, l’amour de Dieu se manifeste au plus haut degré.
J’ai le souvenir d’une dame qui mourait d’un cancer ; elle avait plaqué sur son cœur une croix, et elle a dit : « Toi, Jésus, tu me comprends ». Puissions-nous dire en venant vénérer la croix « toi, Jésus crucifié, tu me comprends » ; et dire aussi « Par toi Jésus crucifié, tous les souffrants de la terre peuvent sentir qu’ils sont compris ». Puissions-nous dire « puisque Dieu nous comprend, nous sommes sauvés ! ».
La croix n’est pas ni un bijou, ni un badge, ni un élément de folklore ; c’est l’objet par lequel le chrétien se souvient que Jésus a aimé les hommes de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force ; c’est l’objet qui rappelle au chrétien l’impératif d’aimer de tout son cœur, de toute son âme, de toute notre force.
Nous allons communier avec tous les membres du corps du Christ en adressant nos demandes au Seigneur qui est Emmanuel, Dieu avec-nous, Dieu avec les souffrants.
Et puis nous allons communier avec le Christ en vénérant sa croix, ce bois sur lequel Dieu a exposé son amour sans limite. Enfin nous allons communier avec le Seigneur en lui disant : puisque tu as pris de nous ce qui fait mourir, fais que nous recevions de toi la grâce qui rend victorieux de la mort.