Dieu s’est manifesté ! Et pour qu’il n’y ait pas que quelques personnes du peuple juif qui voient le Dieu qui couronne les hommes d’amour et de tendresse, il a décidé de se montrer aussi aux non-juifs. Voilà pourquoi nous faisons la fête à l’Épiphanie. Saint Paul écrit en effet : « toutes les nations sont associées au même héritage », à la vision de Dieu.
Prédication du père Louis Groslambert pour la solennité de l’Épiphanie du Seigneur
Le 24 décembre, le pape a ouvert l’année 2025 en demandant que nous soyons attentifs, tout au long de l’année, au mystère de l’espérance. Les paroles d’aujourd’hui sont particulièrement propres à nous tenir dans l’espérance, nous qui rencontrons beaucoup de personnes sans espérance. Beaucoup sont paralysés par le climat social dégradé, les problèmes climatiques, les violences jamais éteintes. Et les chrétiens n’échappent pas à l’inquiétude en constatant que les petits enfants ne sont pas baptisés et ne vont pas au caté, que les couples se défont, que le scandale des abus sape la confiance, etc.
Dans ce contexte, l’Église nous a fait entendre les mots qu’Isaïe disait aux gens qui revenaient de Babylone et qui trouvaient leur pays dévasté et pillé par les voisins. Spontanément ils ont pris leurs voisins pour d’affreux prédateurs. Or Isaïe annonce que ces voisins se convertiraient et qu’ils ne viendraient plus pour piller mais pour quémander humblement la sagesse ; il dit que les peuples païens viendraient pour enrichir le pays en apportant des trésors, des parfums ; il dit que les peuples païens « annonceraient les exploits du Seigneur ». Voilà l’espérance : la conversion des méchants.
Dans notre contexte sans espérance, écoutons encore ce qu’annonçait st Paul : « les nations païennes sont associées au même héritage » que les croyants. Saint Paul dit que Dieu s’applique à préparer les non croyants – parmi eux les enfants non baptisés -, à recevoir la beauté de l’évangile Notre inquiétude quant à la transmission de la foi peut donc cesser. Dieu travaille le cœur de ceux qui considèrent que notre foi est sans intérêt, que nos schémas sont dépassés, que nous ne sommes pas modernes. Nous basant sur la parole d’Isaïe, nous devons dire qu’un jour viendra où ces gens-là apprécieront la sagesse de notre foi. Ils se joindront aux chrétiens. Et même, dès maintenant, nous voyons des non-chrétiens qui apportent leur part à la construction du royaume de Dieu.
Sur quoi nous basons-nous pour penser que cette espérance n’est pas utopique ? Nous nous basons sur le témoignage des apôtres. Pendant leur activité missionnaire, Pierre et Paul ont constaté que Dieu attire les Païens (c’est raconté dans les Actes des apôtres) ; comme disait le prophète « tous se rassemblent, ils viennent vers toi ». Et en racontant l’arrivée des mages, saint Matthieu disait que tous les hommes sont attirés vers le Christ. Si vous êtes attachés à notre foi, c’est que vous trouvez que la vérité du Christ est attirante, que la justice du Christ est attirante, que la fraternité du Christ est attirante…
Alors, le rôle de l’Église est de montrer une bienveillance attirante, une fidélité attirante, un accueil attirant. Le Pape dit qu’on devient chrétien par attraction, parce qu’on est attiré. Il faut que nos paroisses se demandent si elles sont attirantes, si elles mettent en place un accueil fraternel, des groupes de partage et d’écoute, des lieux où les nouveaux venus peuvent être attirés.
Nous disons cela dans le cadre de la messe. Vous rendez-vous compte que vous êtes les mages. Vous êtes attirés par le Christ comme les mages ; vous êtes venus parce qu’à nos yeux, le Christ est l’étoile dans la nuit du monde, il est la vraie lumière dans la société qui est plongée dans les ténèbres des violences, dans la nuit de la voracité à posséder, dans l’individualisme. Alors nous sommes venus à la messe pour chercher le Christ… comme les mages l’ont cherché à Jérusalem.
Et puisque nous sommes les mages puisque, pour chercher le Christ, nous avons recours aux Écritures. Par les Écritures, les mages ont appris que le Christ se trouve à Bethléem, à l’endroit le plus modeste. Par les Écritures, nous apprenons que le Christ se trouve dans le frère le plus modeste, dans le pain partagé, et dans le banal don de soi quotidien. Et puis, comme les mages, nous avons envie de lui offrir tout, c’est à dire ce que lui-même nous a donné : nous offrons notre santé, notre confiance, et le fruit du travail des hommes, y compris des païens. Et puis, nous repartirons ; mais par un autre chemin ; car, ayant trouvé le Christ, l’étoile, nous ne suivrons plus le chemin du découragement, mais celui de l’espérance ; nous ne suivrons plus le chemin du matérialisme mais celui du partage ; notre vie sera nouvelle.
L’histoire des mages, l’histoire de la joie des mages, l’histoire de la résurrection des mages, c’est notre histoire. Notre histoire est heureuse !