Noël fait sentir l’urgence d’incarner la fraternité. Un sage disait que le jour se lève quand on est capable de distinguer un frère en tout humain. L’enfant de Bethléem est vraiment la parole de Dieu parce qu’il est le frère universel ; et Dieu nous parle par tous ceux qui s’appliquent à vivre fraternellement.
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Homélie du père Louis Groslambert pour la Nativité du Seigneur
Frères et sœurs, parmi les chants de Noël, le plus traditionnel est « il est né le divin enfant ». Et l’évangile de ce jour de Noël nous dit que cet enfant divin est le Verbe de Dieu, celui par qui Dieu veut nous parler (pour comprendre le mot Verbe il faut penser à l’expression verbale). Ainsi, Jésus vient dans le monde pour exprimer qui est Dieu ; il le fera en étant celui qui enseigne, celui qui relève, celui qui tient à continuer d’aimer même quand il est malmené et torturé, car Dieu est celui qui enseigne, relève, et aime même ceux qui ne sont pas aimables. Donc, pendant les années où Jésus a vécu en Palestine, Dieu s’est exprimé par un Jésus adulte mais, aujourd’hui, méditons sur le fait que Dieu s’exprime par Jésus enfant.
L’enfant, les parents le diraient mieux que moi, c’est le cadeau. Et il n’y a que Dieu qui donne ce cadeau qu’est l’enfant. Évidemment Dieu ne l’offre pas dans un emballage de papier doré tenu par des rubans. Il offre l’enfant dans l’emballage qu’est l’amour des parents. Le cadeau qu’est l’enfant, c’est la vie ; une vie qui n’est polluée ni par l’orgueil de dominer, ni par les relations marchandes donnant-donnant ; une vie qui est réussie parce que son mode de relations n’est fait que de câlins et de risettes… Alors que nous prétendons que nous sommes surtout vivants si nous dominons les autres par l’orgueil, l’argent ou les armes, nous devons avouer que nous sommes incapables de produire l’enfant qui domine puissamment par sa tendresse. Aujourd’hui, à Noël, plus que jamais, devant le cadeau qu’est l’enfant, nous professons que le Dieu d’amour nous parle par l’homme réussi, par l’enfant prince de la paix, par l’enfant roi de justice, par l’enfant qui détruit la guerre parce qu’il ne sait qu’aimer…
Les familles expérimentent qu’à sa naissance, l’enfant, c’est le cadeau ; elles expérimentent aussi que, dès sa naissance l’enfant occupe sa place dans la famille en tant que frère. L’enfant qui naît est non seulement mon frère mais aussi le frère dans toute la fratrie. L’enfant de Bethléem, Dieu nous le donne comme frère de tous, le frère universel. Il est possible que beaucoup fêtent la naissance de l’enfant Jésus parce qu’ils pressentent que leur désir de fraternité est porté par ce Jésus. Si je crois que Dieu s’est fait enfant et si je crois qu’il s’exprime par l’enfant-frère, je devrai être fraternel avec tous ; je devrai considérer les autres comme des frères, et je devrai me convaincre que Dieu me parle par eux, qui sont des fils de Dieu, autant que moi. Nous ne choisissons pas nos frères ; nous choisissons d’être frères. Et Noël fait sentir l’urgence d’incarner la fraternité. Un sage disait que le jour se lève quand on est capable de distinguer un frère en tout humain. Dans l’humanité, ce qui est brillant ce n’est pas l’autorité des armes ou du savoir ; il n’y a qu’une étoile qui brille : c’est la fraternité. Voyez ! L’enfant de Bethléem est vraiment la parole de Dieu parce qu’il est le frère universel ; et Dieu nous parle par tous ceux qui s’appliquent à vivre fraternellement. La fraternité, c’est la vérité de la parole ; nous vivons de la qualité des paroles qui nous sont adressées ; et la Parole de Dieu qu’est Jésus le fraternel est la parole de qualité, la parole de vérité.
L’enfant, c’est le cadeau ; l’enfant, c’est le frère ; il faut dire aussi que l’enfant c’est la confiance. Dans les bras de sa maman ou de son papa, l’enfant a une totale confiance. Et un tel enfant est un modèle puisque Jésus dit que pour être ses disciples, c’est à dire vivre dans la foi, il faut devenir comme un enfant plein de confiance. Nous, les adultes, nous sommes parfois les champions de la méfiance : nous ne croyons que ce que nous voyons, nous calculons, nous voulons maîtriser… Eh bien, Dieu nous parle par l’enfant qui fait confiance. Regardez les enfants à l’âge où ils font confiance : ils sont pour vous parole de Dieu.
Après avoir parlé de l’enfant, mon dernier mot sera pour vous, les parents. Vous êtes à l’image de Dieu : quand vous donnez à vos enfants votre temps, votre attention, la nourriture, l’affection…, vous ne donnez pas un salaire, ni des récompenses ; comme Dieu vous donnez des cadeaux. Le Dieu qui fait des cadeaux habite en vous. Voilà la cause de votre joie à Noël.