Pour Jésus, la croissance des plantes est une parabole d’une autre croissance, celle du règne de Dieu.pour faire grandir son Royaume, Dieu s’y prend comme un semeur. L’espérance, la fidélité, le pardon, le don de soi…, Dieu ne les donne qu’à l’état de semences quasi insignifiantes, parce qu’il est sûr qu’elles vont pousser. L’Église a commencé avec seulement douze hommes qui ont eu leurs faiblesses et malgré leur insignifiance, elle s’est développée partout. Il nous est demandé de semer, pas de faire grandir ; faire grandir, cela est du ressort de Dieu.
Prédication du père Louis Groslambert pour le onzième dimanche du temps ordinaire
La première lecture parle de cèdre, le psaume parle de palmier et encore de cèdre, l’évangile parle de blé et de graine de moutarde… Dieu décrit le monde comme un jardin où ça pousse… sans que l’homme intervienne. La Bible n’a pas gardé ces paroles pour faire un cours de Science de la Vie et de la terre, mais pour enseigner que Dieu est là partout où il y a de la croissance et qu’il sait faire grandir ce qui semble trop petit pour être efficace. Ceux d’entre vous qui ont semé des graines et repiqué des plants ont vu que toute plante pousse très bien, même si au départ, elle est une minuscule graine. D’après Jésus, la croissance des plantes est une parabole d’une autre croissance, celle du règne de Dieu.
Une première idée se dégage de cela : pour faire grandir son Royaume, Dieu s’y prend comme un semeur. L’espérance, la fidélité, le pardon, le don de soi…, Dieu ne les donne qu’à l’état de semences quasi insignifiantes, parce qu’il est sûr qu’elles vont pousser. L’Église a commencé avec seulement douze hommes qui ont eu leurs faiblesses et malgré leur insignifiance, elle s’est développée dans tout l’empire romain. Toutes les modestes graines d’amour que Dieu inspire aujourd’hui, les petits prophètes de justice, les discrets serviteurs de l’espérance … la télé n’en parle pas… pourtant ce sont les semences du royaume. Tant que les semences sont semées, on peut espérer.
Frères et sœurs, Dieu sème en chacun de vous ses semences de foi, d’espérance et de charité. Et à son tour, chacun est invité à semer. Chacun est responsable de déposer chez les autres qui sa graine d’espérance, qui sa graine de fidélité, qui sa graine de prière… Que chacun sème donc sans se tracasser de ce qu’il adviendra, sans se désoler si ça ne pousse pas assez vite. Il nous est demandé de semer, pas de faire grandir ; faire grandir, cela est du ressort de Dieu.
J’insiste sur notre mission de semeur ; car le démon de notre cœur s’appelle « à quoi bon ? ». Et il fait dire à trop de gens « les injustices sont ancrées si profondément, qu’un geste de justice de ma part ne va rien changer, à quoi bon faire un geste de justice ? La guerre est tellement installée que mon petit geste de réconciliation avec mon voisin n’aura aucune influence ; à quoi bon faire une démarche de réconciliation ? » Non, les semences de justice et de réconciliation que chacun sème vont immanquablement se développer et elles manqueraient s’il chacun ne les semait pas.
S’il est vrai que ce qui est semé grandit, il est donc vrai que rien n’est achevé et donc que tout peut encore grandir. Dieu est sûr que si je suis décevant aujourd’hui ce n’est pas irrémédiable : je peux encore évoluer ; Dieu m’apprend que si untel est décevant ou pécheur, ce n’est pas définitif, il peut évoluer. Dieu dit sa présence en faisant grandir, en faisant évoluer. L’histoire de l’enfant prodigue le dit bien : ce fils pouvait évoluer, il n’était pas définitivement perdu ; l’attitude filiale avait été semée en lui… elle pouvait toujours réapparaître ; rien n’est irrécupérable, rien n’est perdu pour toujours… Ce qui déçoit aujourd’hui déçoit parce qu’il n’est pas achevé ; il est en genèse.
Autrement dit, la foi que Dieu aime le mieux, c’est l’espérance. On dit que le monde ne va pas bien, et on a dix mille raisons d’être inquiets. Or l’évangile de la graine qui grandit irrésistiblement, sans que le paysan sache comment, est un plaidoyer pour l’espérance. Il y a dans le monde des graines de fidélité, de prière, d’attention fraternelle, de compassion, de bénévolat, de don de soi ; il y a des gens qui ne vivent pas pour eux-mêmes, C’est petit, face aux lames de fond d’infidélité, de chacun pour soi, de recherche égoïste des avantages ; c’est petit, face à l’impérialisme de l’argent ou de la drogue ou du commerce des armes ; c’est petit comme David était petit devant le géant Goliath. Mais Jésus dit : « le royaume de Dieu est comparable à une petite graine qui grandit ». Croire à la croissance du royaume c’est ça croire à la résurrection, à la victoire de l’amour. Le royaume de l’amour a un avenir. ; et nous avons l’immense honneur d’avoir été choisis pour contribuer à sa croissance.
Nous faisons ces considérations dans le cadre de la messe. La messe est prévue pour notre croissance. Si Jésus a pris le pain en disant ‘prenez, mangez, ceci est mon corps’ (à moins qu’il ait pris son corps en disant ‘prenez, ceci est mon pain’ – les deux sont vrais), c’est évidemment pour que les gens grandissent. Chaque dimanche en communiant, nous nous présentons comme le champ où le Seigneur sème sa manière d’aimer le Père, sa prière, son espérance, sa fidélité, et son art d’être en relation d’amour avec les autres. Viens Seigneur Jésus ! Père, que ton règne vienne et grandisse.