Trois nouveaux diacres pour notre diocèse !

En ce dimanche 16 février, Mgr Denis Jachiet a ordonné diacres Vincent Millot, Jérôme Richardot et Jean-Christophe Tamborini.

Homélie de Mgr Denis Jachiet

Mes amis, Christophe, Vincent et Jérôme, vous allez être ordonnés diacres dans un instant. L’événement de ce jour est unique car il marque un tournant de votre vie. Aujourd’hui vous vous engagez définitivement pour le Seigneur dans le service de la charité de l’Église, de sa prière et de la Parole de Dieu. Aujourd’hui en vue de ce service, un changement s’opère en vous, une grâce vient sur vous par un sacrement, don de Dieu qui embellit et vivifie son Église.

Vous tous, frères et sœurs, ici rassemblés, épouses, famille et amis des ordinands, vous prêtres, diacres et fidèles de ce diocèse, vous le percevez, le don que Dieu fait aujourd’hui à nos 3 amis est pour l’Église, dont nous sommes membres, et à travers elle pour toute personne en attente de Dieu.

Demandons-nous déjà à quel signe pourra se voir le changement ? Nous verrons dans un moment les nouveaux ordonnés porter une étole sur l’épaule gauche et en travers de leurs corps. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cet ornement est le signe du sacrement de l’ordre. Elle est le signe d’une charge qu’on reçoit, d’un ministère dont on est investi. L’étole est une bande de tissu qui porte une croix en son milieu. Mes amis qui allez être ordonnés, cette croix sera donc sur votre épaule. A chaque fois que vous mettrez l’étole, elle vous rappellera ceci : c’est le Christ qui pose sur votre épaule votre charge et votre croix. C’est aussi lui qui les porte avec vous. En mettant l’étole, rappelez-vos ces mots qu’il vous dit : « mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ».

Ensemble en ce jour de fête, essayons de mieux comprendre le sens du diaconat à la lumière de la Parole de Dieu, dans les textes de l’Ecriture et dans la Liturgie. Découvrons dans ce sacrement une grâce à partager, un signe du Christ Serviteur, une proximité avec Jésus et un ministère d’amour donné.

Qu’est-ce qu’apporte le sacrement que nos amis vont recevoir ?

J’ai entendu, à l’occasion, que puisqu’ils étaient déjà institués lecteurs et acolytes, ils avaient déjà la posture liturgique de ministres et de serviteurs et que le diaconat semblait presque superflu ou redondant. Eh bien non !

Ecoutons ce que nous dit la Parole de Dieu par l’Apôtre Pierre : « Ce que chacun de vous a reçu comme don de la grâce, mettez-le au service des autres ». Nos amis ne reçoivent pas une posture ou une aptitude mais une grâce. La grâce, nous dit l’Apôtre, n’est pas un bien personnel, une propriété privée, c’est un don de Dieu à partager, une onction intérieure que l’on met au service des autres. Chacun de vous accueille la même grâce sacramentelle avec les dispositions de sa personnalité. Cela s’exprime en des grâces spécifiques qu’on appelle des charismes. Vous avez donc une tâche de discernement à accomplir, avec moi et votre entourage, pour devenir de « bons gérants de la grâce de Dieu qui est si diverse » et la mettre au service de la Prière, de la Charité, de la Parole.

Qu’est-ce qu’un diacre dans l’Église aujourd’hui ?

Certains imaginent qu’un diacre qui revêt aube et étole et qui prêche est un quasi prêtre. Il le voient comme suppléant au manque de prêtre.
D’autre imaginent le diacre comme un laïc en mission qui aurait été promu à un rang plus élevé pour présider la célébration des sacrements.
Ni sous-prêtre ni super-laïc, le diacre a une vocation propre qui se réalise dans le service, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des églises, tant à l’autel qu’auprès des plus pauvres. La diaconat n’est pas un rang, une dignité mais un ordre qui exprime la manière d’aimer que Jésus nous a laissée. Pour comprendre ce qu’est un diacre il faut d’abord regarder Jésus.

Nous avons entendu ce passage de St Jean qui nous répète le cœur de l’Évangile, le commandement nouveau : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Jésus a prononcé cette parole après avoir posé un geste.
« Jésus se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. »
Chaque geste de Jésus exprime la manière dont il nous demande d’aimer.
Déposer son vêtement. Il dépose sa vie comme on s’en dévêt. Son disciple est amené à renoncer à sa posture, ses sécurités et à sa zone de confort.
Mette un linge à sa ceinture. Jésus prend le vêtement du service, de la disponibilité. Il invite son disciples à prendre les moyens de ceindre ses reins, de mettre son tablier, pour répondre aux besoins de l’autre.
Laver les pieds. Jésus le Maitre et Seigneur se met aux pieds des siens. Il nous dit : au lieu de regarder l’autre de haut, de se mettre à le regarder d’en bas pour reconnaitre sa dignité profonde quelque puisse être sa fragilité.
« Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. »
Là est l’être du diacre. Celui qui est touché et transformé par le Christ Serviteur et devient signe de sa présence aimante dans l’Église et dans le monde. Si le diacre reçoit le sacrement de l’ordre c’est pour ressembler au Christ Serviteur, pour devenir à son tour sacrement, signe agissant de son amour.

Quelle est le sens du service du diacre ?

Diacre veut dire serviteur. Pourtant Jésus révèle aux siens : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » Voilà un esclave d’un genre bien spécial ! Il converse avec son maitre comme avec un ami. Souvent dans l’Évangile des personnes se mettent au service de Jésus : la belle-mère de Pierre, Marthe et Marie à Béthanie, les disciples pour préparer la Pâques. Cependant le service n’est jamais présenté comme servile. C’est la meilleure part. Il est toujours valorisant pour celui qui l’accomplit parce qu’il y trouve une intimité nouvelle avec Jésus.

Tel est la puissance du service qui est rappelé pour tous par l’exemple des diacres : une chance d’entrer plus intérieurement dans l’intimité du Christ. Être serviteur dans l’Église ne veut pas dire être corvéable à merci, mais trouver dans son service ce qui nous unit à Jésus et nous permet de nous réaliser plus en profondeur. On devient à la fois serviteur et ami de Jésus.

Quels sont aujourd’hui les services du diacre ?

On ne peut pas écarter les actions concrètes des diacres. Baptiser, marier, porter la communion ; témoigner, faire un homélie, une catéchèse ; écouter, accompagner, servir les plus pauvres et les plus éloignés : tout cela est diaconal.

Rien d’exclusif, il ne s’agit pas de prendre la place des autres mais de susciter le déploiement des engagements et des ministères, laïcs ou ordonnés.

Aujourd’hui dans l’Église il n’y a pas de diacres ordonnés par spécialité : ceux qui auraient été ordonnés pour la liturgie, ceux pour la prédication et ceux pour la charité. Dans l’Esprit Saint le service ordonné est unique dans l’Église : liturgie, prédication, charité. Il y a un seul sacrement du service, une seule ‘diaconie’ pour servir un seul corps du Christ : pauvres, Parole, Eucharistie.

Mes amis qui allez être diacres, que vous guidiez la prière et célébriez des sacrements, que vous prêchiez ou expliquiez la Parole ou que vous donniez du temps aux personnes en fragilité, souvenez-vous que c’est toujours une mission diaconale, une diaconie, car il s’agit à chaque fois de servir le Corps du Christ.

Frères et sœurs, réjouissons-vous de la grâce de Dieu, si diverse, qui donne aujourd’hui à son église trois diacres, mariés ou célibataire, engagés dans le monde et en activité professionnelle ! Ensemble rendons grâce et prions pour eux afin qu’ils soient signes de l’amour du Christ pour chaque homme et ferments de charité dans l’Église.

+Mgr Denis Jachiet