Dieu fait des merveilles et il semble que toute personne qui admire la nature – l’infiniment grand, l’infiniment petit, l’infiniment complexe – ne peut pas faire autrement que professer qu’elle croit en Dieu ; il semble que la foi devrait aller de soi lorsqu’on prend conscience que Dieu a offert à tout homme le merveilleux cadeau de l’intelligence, du goût de la solidarité, et mille talents artistiques… Or, la foi ne va pas de soi. Notre mission est d’aller à contrecourant, comme Ezéchiel, comme st Paul, comme Jésus.
Prédication du père Louis Groslambert pour le quatorzième dimanche du temps ordinaire
Dieu fait des merveilles et il semble que toute personne qui admire la nature – l’infiniment grand, l’infiniment petit, l’infiniment complexe – ne peut pas faire autrement que professer qu’elle croit en Dieu ; il semble que la foi devrait aller de soi lorsqu’on prend conscience que Dieu a offert à tout homme le merveilleux cadeau de l’intelligence, du goût de la solidarité, et mille talents artistiques… Or, la foi ne va pas de soi. Nous avons entendu comment Dieu a averti Ezéchiel : « je t’envoie au milieu de rebelles qui ont le cœur dur et le visage obstiné » . Puis nous avons entendu comment Jésus s’est trouvé dans son village avec des gens allergiques à sa présence, « choqués à son sujet ». Quant à saint Paul, il fait état des insultes, des persécutions et des situations angoissantes auxquelles il est affronté. Les prophètes de tous les temps sont envoyés à des gens qui sont intolérants à toute parole de Dieu. Je voudrais simplement montrer que nous sommes toujours dans la même position, au milieu d’une société qui est à mille lieues des pensées de l’évangile… je voudrais dire que notre baptême nous demande de vivre selon la foi même si nous sommes très minoritaires.
Or, vous le savez, il y a un grand décalage entre la morale selon l’évangile (le don de soi, la fidélité, le respect de la personne, etc…) et les préconisations de la société actuelle, où s’expriment le chacun pour soi, l’infidélité, le fait de faire passer le profit ou l’argent avant les personnes, le fait de se soucier moins du bien commun que du triomphe de ses idées. Ce décalage fait que le chrétien est parfois la cible de flèches ironiques : « vous les couples fidèles, vous êtes vieux jeu ; vous qui donnez du temps aux autres, vous êtes rétro ; vous qui, devant les dangers, gardez de l’espérance comme selon la méthode Coué, vous êtes infantiles ; vous qui pardonnez, vous encouragez le vice. » ! Alors, allons-nous renoncer aux remèdes à tous nos malheurs, sous prétexte qu’il faut être à la mode ? Si nous prenions modèle sur le monde présent, servirions-nous le monde et lui apporterions-nous quelque guérison ? Notre mission est d’aller à contrecourant, comme Ezéchiel, comme st Paul, comme Jésus.
On sait que dans les rivières, il n’y a que les poissons morts qui vont dans le sens du courant. Les poissons bien vivants nagent à contre-courant.
Frères et sœurs, regardons à nouveau Jésus. Les gens de Nazareth disent de Jésus : « il est le fils du charpentier ! » Ce que l’on peut traduire : « il est humain, et il n’est pas possible qu’il soit autre chose qu’un pauvre humain ; donc il n’a pas la légitimité de bousculer nos usages ». Cela me fait penser à la manière dont bien des gens parlent de l’Église : « les évêques, les prêtres… sont humains, ils ont des défauts comme tout le monde : ils n’ont pas de légitimité pour donner des avis comme s’ils étaient maitres en humanité ».
C’est vrai ! Les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres. Mais est-ce qu’un pauvre humain sans vertu supérieure ne peut pas diagnostiquer des problèmes et, sans faire de morale, indiquer des remèdes ? Heureusement il y a beaucoup de gens – pas seulement des chrétiens – qui souffrent de gestes d’irrespect, qui déplorent qu’on se prosterne devant les futilités (des idoles), qui voient des violences destructrices… et qui plaident pour le respect de tous, pour la recherche des réalités nobles, pour des attitudes bienveillantes. A tous est donnée la mission d’être des prophètes, c’est à dire des gens qui font signe aux autres, des gens qui disent la pensée de Dieu, qui disent ce qui est utile aux enfants de Dieu, à tous les hommes… Même si des oppositions se dressent devant eux.
Pour remplir cette mission, nous nous sentons bien faibles. Réécoutons ce que disait saint Paul « Lorsque je suis faible, c’est alors que la force du Seigneur se déploie ». Paul s’est appuyé sur la parole de Jésus « ma grâce te suffit » ; croyons, nous aussi, que la grâce du Seigneur nous suffit.
Que les jeunes imaginent leur avenir en se répétant : « la grâce de Dieu me suffira »
Que les parents inquiets pour leurs enfants se répètent : « La grâce de Dieu me suffira »
Que les personnes âgées, fragiles… se répètent « La grâce de Dieu me suffira »