En ce 9 mars 2023, nous étions nombreux, chrétiens catholiques et protestants, rassemblés à la chapelle Saints Pierre et Paul à Montbéliard pour la première conférence de Carême. Nos intervenantes, Nicole Fabre, pasteur de l’Église Protestante Unie de France et Frédérique Bolle Reddat, responsable diocésaine de la solidarité et vice-présidente du Secours Catholique, nous ont mis sur le chemin de Carême en partageant, avec délicatesse et sensibilité, la façon dont l’Écriture féconde leur regard et comment notre foi grandit et s’incarne dans la rencontre des personnes exclues.
Et si la lutte contre l’exclusion n’était pas une question d’inclusion et uniformisation à tout prix mais un changement de regard ? L’Évangile nous indique un chemin de retournement : les Béatitudes, l’histoire de Lazare et du riche, nous montrent que le regard de Dieu valorise le pauvre. Ce qui vient dans l’Évangile révéler qui est Jésus, ce sont précisément ses rencontres avec les exclus, malades, lépreux, femmes de mauvaise vie… Son regard voit toujours ce qui est bon dans chaque personne.
Face aux personnes exclues, comme disait le titre de la conférence, nous sommes appelés à passer de la peur à la reconnaissance. Ceci ne peut se faire que lorsque nous nous rencontrons. En ce temps de Carême, les intervenantes nous ont invité à simplifier nos relations humaines, à quitter notre « besoin » d’aider (ce n’est pas nous qui sauvons, c’est Dieu) pour une envie de connaître, rencontrer, être avec la personne fragile, simplement, en acceptant nos fragilités, en lui disant nos limites et impuissances. Pour qu’une rencontre puisse se faire et porter du fruit, en vérité, l’Évangile nous invite à recevoir la personne exclue comme un frère, comme une sœur. Dieu s’est fait homme pour que nous devenions profondément fils de Dieu, frères. Ne pas nier nos différences mais les accepter est une richesse. Attachons-nous à regarder plutôt ce qui nous rassemble (notre humanité) et non pas ce qui nous différencie.
Avant de re-connaître, il est nécessaire de se connaître. Dépasser nos peurs est un moyen pour connaitre et un chemin vers la reconnaissance – concluait Frédérique Bolle Reddat.
Il y a de quoi être reconnaissant envers les personnes pauvres à qui nous nous ouvrons – Jésus nous promet que nous Le rencontrerons personnellement dans ces rencontres (« J’avais faim et vous m’avez donné à manger » Mt 25, 38-46). L’attention aux pauvres est un chemin de rentrer dans une joie véritable, de revivifier notre foi et nos communautés.
Comme dit le pape François dans Fratelli Tutti 222 « certaines personnes choisissent de cultiver la bienveillance et deviennent des étoiles dans l’obscurité ».