Heureux ceux qui marchent suivant la loi du Seigneur ! (cf. Ps 118, 1)
“Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle.” (Si 15, 15-20). Où est ma liberté? Quand notre oui n’est pas suivi d’un engagement ferme, notre non n’est pas suivi d’une résistance ferme ; quand notre oui n’est plus un oui, nous sommes humainement appauvris, comme l’était Pierre quand il reniait son maître. Jésus nous donne son commandement d’amour pour que nous puissions dire : nous pouvons dire dès maintenant : fais-moi entendre ta parole et je serai guéri.
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Homélie du père Louis Groslambert pour la pour le sixième dimanche du temps ordinaire
Frères et sœurs, la plupart d’entre vous sont des parents. Vous n’avez pas exercé ce rôle seulement le jour où vous avez engendré, mais tout au long des années, en donnant à vos enfants un cadre, des repères, des lois. Ainsi, Dieu notre Père exerce son rôle en nous disant ce qui nous conduira à la vie, la loi de la vie. Dieu est père-créateur particulièrement quand il donne la loi de vie. Comme les lois humaines nous font grandir humainement, la loi de Dieu nous fait devenir des hommes selon Dieu. Donc étant engagé envers nous comme un père l’est envers ses enfants, Dieu nous indique le chemin de la vie, et ensuite, il nous laisse libres : nous conduisons notre vie comme nous l’entendons. Mais Dieu nous avertit : si nous choisissons de suivre Dieu, nous décidons notre croissance ; si nous choisissons une conduite morale sans Dieu, nous déclenchons notre appauvrissement. Le Livre de Ben Sirac dit « tu as devant toi la vie ou la mort… ça dépend de ton choix » Admirons Dieu qui, en nous donnant la liberté, nous permet de créer avec lui – de nous créer – et aussi de défaire la vie, de nous décréer.
Hélas, nous sommes allergiques aux commandements ou bien, nous ne les pratiquons qu’extérieurement. Ainsi, la loi qui interdit de tuer, nous ne la transgressons pas extérieurement (nous irions en prison) mais nous prononçons des mots meurtriers ou nous souhaitons secrètement que l’autre disparaisse de notre paysage (là, nous appauvrissons notre humanité) ; la loi qui met en garde contre l’adultère, nous l’observons bien extérieurement, mais pas forcément intérieurement (là, nous appauvrissons notre humanité). La loi qui met en garde contre les faux témoignages, nous l’accommodons : notre oui n’est pas suivi d’un engagement ferme, notre non n’est pas suivi d’une résistance ferme ; quand notre oui n’est plus un oui, nous sommes humainement bien appauvris.
Il me semble que nous perdons notre noblesse si nous admettons des actes contraires à Dieu sous prétexte que tout le monde fait ces actes.
Comme dit Saint Paul, nous sommes malheureux ; effectivement nous avons entendu ce qui peut rendre heureux et bien vivants et nous choisissons ce qui – même tout en restant secret, intérieur – rend automatiquement malheureux. Alors Jésus diagnostique que l’homme ne va pas bien si, sous un bel aspect extérieur, il a un cœur malade d’avoir blessé le contrat d’alliance. C’est pourquoi, il veut inscrire la loi dans notre cœur, intérieurement. Il dit : on vous a dit comment être extérieurement fidèles à l’alliance ; moi je vous dis comment être intérieurement fidèles à l’alliance. Jésus a bien fait de venir et de nous dire qu’il est insuffisant de soigner le comportement extérieur et qu’il faut soigner l’attitude intérieure, les pensées.
Ce qui fait de Jésus un être exceptionnel, c’est qu’au lieu d’obéir extérieurement à la loi d’amour, il y conforme toutes ses pensées. Ce qui fait des chrétiens des hommes nouveaux, c’est qu’au lieu d’obéir extérieurement à la parole de vie, ils y conforment leurs pensées. Prenons bien conscience que nous ne serons heureux que si nous obéissons profondément à la Parole de Dieu. On dit habituellement que Jésus était plein de vie ; permettez-moi de dire la même chose avec d’autres mots : Jésus était en parfaite santé parce qu’il obéissait à sa vocation d’aimer, même si ça le conduisait aux souffrances, aux fouets, aux clous, à la lance. Jésus nous donne son commandement d’amour, parce qu’il nous voit en mauvaise santé comme l’était Pierre quand il reniait son maître… Nous avons sans doute la même pathologie que Pierre. C’est pourquoi nous pouvons dire dès maintenant : fais-moi entendre ta parole et je serai guéri.