Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25, 31-46)
Le Christ roi dit la valeur absolue de tout homme ; il dit : « tout ce que vous faites au plus petit, c’est à moi que vous le faites ». Il exprime donc que son palais royal, c’est toute personne humaine, celle que nous croisons banalement, dans le quotidien. C’est parce qu’il est roi de cette manière que nous voyons son visage dans le visage du frère, que nous le servons avec empressement en servant le frère avec empressement.
Prédication du père Louis Groslambert pour la solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’Univers
Frères et sœurs, dans notre pays laïc, chacun a le droit de dire qui est son leader spirituel, sans l’imposer aux autres. Eh bien, en fêtant le Christ roi, nous disons notre joie d’avoir Jésus de Nazareth comme leader spirituel, et même comme référence sociale. Parmi nos concitoyens, beaucoup admirent que Jésus prône l’entraide ; mais certains ne comprennent pas des positions du Christ ; par exemple qu’il ne se défende pas quand il est attaqué (quand on est attaqué, ne faut-il pas revendiquer son bon droit ?)… ou qu’il dise qu’on est libre quand on est lié par l’amour… ou qu’il vive pour les autres et pas pour lui-même.
Mais, nous qui le connaissons mieux, quel portrait faisons-nous de lui ? Pourquoi le suivons-nous ? Pourquoi l’aimons-nous, au point de souhaiter qu’il règne davantage sur nous…? Pourquoi pensons-nous qu’il mette à ses pieds tout ce qui n’est pas l’amour ?
Le Christ roi se qualifie de bon berger ; il dit : « j’irai délivrer mes brebis ; la brebis perdue, je la chercherai, l’égarée, je la ramènerai ; celle qui est blessée, je la panserai ; celle qui est malade, je lui rendrai des forces ». Existe-t-il d’autres leaders qui aient une telle préoccupation de leurs adeptes et pas seulement la préoccupation d’être élus ?
Le Christ roi promeut la liberté ; il dit « si tu veux » et il fait sentir sa douceur, sa compréhension, sa sollicitude. Reconnaissons que les chefs des peuples n’ont pas le même respect de la liberté, eux qui commandent en maîtres et font sentir leur pouvoir » (Luc 22,25) ; Le Christ roi dit la valeur absolue de tout homme ; il dit : « tout ce que vous faites au plus petit, c’est à moi que vous le faites ». Il exprime donc que son palais royal, c’est toute personne humaine, celle que nous croisons banalement, dans le quotidien. C’est parce qu’il est roi de cette manière que nous voyons son visage dans le visage du frère, que nous le respectons en respectant le frère, que nous accueillons ses désirs en accueillant les désirs du frère ; que nous le servons avec empressement en servant le frère avec empressement.
Frères et sœurs, voyez l’incidence sociale de notre foi au Christ. Si je dis non à l’appel d’un souffrant, c’est à celui qui a souffert pour moi que je dis non. Si je refuse de me déranger pour un frère, c’est à celui qui s’est dérangé jusqu’à être torturé pour moi que je dis non. Si je méprise un frère parce que quelque chose me déplait en lui, c’est mon roi mort pour moi que je méprise… On comprend que la loi de notre roi soit « Tu aimeras ton prochain ».
Existe-t-il un seul homme qui n’entende pas l’appel à aimer, à tendre la main, à partager, à chercher la justice… ? Je crois au contraire que, parmi les 7 milliards et demi d’humains, ils sont innombrables ceux qui se laissent déranger par cet appel. Pourrait-on compter les gestes d’entraide, les pardons, les sourires d’encouragement, les démarches fraternelles qui se font en une journée ? Vous le voyez, l’amour règne déjà, le Christ est déjà roi. L’évangile le dit ainsi « le royaume est au milieu de vous ». C’est là un réel motif d’action de grâce.
Enfin, le Christ roi parle ainsi : « mon corps livré pour vous ». Comme le bon berger s’avance face au loup pour que la fureur de la bête s’exerce sur lui et ne fasse pas de mal au troupeau, le Christ roi s’est avancé pour que la violence du monde s’abatte sur lui de sorte que l’homme en soit libéré. Il est clair que le trône du Christ, c’est la croix, et que, de ce trône, il dit à chacun « je t’aime, je suis prêt à mourir pour toi ». Rendons-lui grâce.
Ceux qui ne croient pas au Christ ne peuvent pas être blessés si nous espérons le jour où la société sera régie par la seule loi du Christ. Notre espérance est un trésor qui manque à beaucoup. Si le Christ plein d’amour a vaincu la haine, nous pouvons espérer un royaume de paix ; si le Christ très fidèle a maîtrisé toute infidélité, nous pouvons accéder à un royaume sans trahison ; si le Christ a donné sa vie pour ses frères, le chacun pour soi ne peut pas avoir le dernier mot. Le Christ est pour l’homme ; et je suis sûr que tout homme est attiré par la paix, la vérité, l’amour du prochain. Posons sur le monde les empreintes du Christ, de son attention fraternelle, de sa fidélité, de sa liberté ; et puisque le roi dit « mon corps livré pour les autres », disons sur nous-mêmes « mon corps livré pour les autres »… Alors nos compatriotes auront envie de connaître notre roi.