Solennité de Pentecôte

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Publié le 13 mai 2024

Homélie de Mgr Denis Jachiet pour la solennité de la Pentecôte

Aujourd’hui nous célébrons la venue de l’Esprit Saint sur les Apôtres le jour de la Pentecôte. Comment pouvons-nous expliquer qui est l’Esprit Saint ? On peut se référer aux images : le feu, la colombe, l’eau ou l’huile, cela n’explicite pas son identité et son agir.

Quand on en parle, on évoque parfois, une ambiance religieuse ? Un sentiment diffus ? Un état d’esprit personnel qui est partagé ? Parfois une idée de Dieu ? L’Esprit Saint c’est ni ambiance, ni idée mais quelqu’un. Il nous faut le découvrir pour vivre avec lui et par lui. L’Écriture nous le révèle : un feu qui nous déconfine, un défenseur qu’on appelle à l’aide, un donateur d’un amour libre et gratuit.

1 – Il fait sortir les Apôtres de leur confinement.

Après l’Ascension de Jésus, les 12 apôtres se sont confinés dans la chambre haute du Cénacle avec la Vierge Marie et quelques femmes. Certes ils croient que Jésus est bien ressuscité, puisqu’ils l’ont rencontré. Pourtant des doutes les habitent. Comment parler sans passer pour des fous dangereux de la résurrection de Jésus ? C’est du jamais vu, de l’incroyable. Des peurs les taraudent : et si cela devait se terminer pour eux comme Jésus sur une croix ? Ils se sont verrouillés dans la chambre haute et ils prient.

Et nous ? Chrétiens minoritaires dans une société de plus en plus sécularisée, certains cherchant à faire taire le discours religieux au prétexte d’une laïcité érigée en religion d’Etat. Cette culture a trop souvent fait de nous des chrétiens dont la foi est reléguée dans l’intimité de leur vie privée, sans initiatives visibles ni témoignage perceptible de leur foi.

Trop souvent nous sommes des croyants confinés, comme les Apôtres avant la Pentecôte. Je pense à ceux que caricature avec tendresse l’humoriste Gad el Maleh : « Quand tu demandes à un catholique s’il est chrétien, il te répond : c’est un peu compliqué ! »

Limités, apeurés, sceptiques… Dieu nous prend où nous sommes et nous fait sortir de nous-même. Le pape François veut l’Eglise en sortie : « Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Plus que la peur de se tromper, j’espère que nous anime la peur de nous renfermer (…) alors que, dehors, il y a une multitude affamée » Evangelii Gaudium n° 49

Pour cela, il nous est absolument nécessaire de recevoir l’Esprit Saint pour en vivre !

            2 – Appeler le Paraclet.

            Du mot grec parakaleo, ‘celui qu’on appelle auprès de soi’, le paraclet vient pour prendre notre défense, en quelque sorte notre avocat, notre défenseur. Cela signifie aussi le protecteur et le conseiller. Il n’agit pas qu’en cas de procès. C’est notre aide de proximité dans toute adversité : souffrance, peine, persécution, doute, désespoir, peur, isolement…

Pour autant l’œuvre de l’Esprit Saint ne s’accomplit pas sans la participation des fidèles. « Marchez sous la conduite de l’Esprit Saint  (…) vous vous laissez conduire par l’Esprit (…) Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit ». Par trois fois St Paul nous redit cet appel pressant dans l’épître aux Galates. N’est-ce pas ce qui différencie un chrétien endormi d’un chrétien vivant, le disciple virtuel du disciple en actes ?

Ce nom de Paraclet nous dit que l’Esprit Saint est celui qu’on appelle à son secours. Et si on ne l’appelle pas ? Viendra-il auprès de nous et en nous sans notre consentement ? Non ! L’Esprit Saint est Dieu, il respecte infiniment notre liberté. Comme Jésus dans l’Apocalypse, il nous dit « Je me tiens à la porte et je frappe » (Ap 3, 20). Si nous lui fermons la porte de notre cœur, si nous ne demandons pas sa venue, il ne sera pas notre recours et notre défenseur ! Apprenons à prier l’Esprit Saint, à demander son aide à temps et à contre-tmps.

3 – Ce qu’on attend de la venue de l’Esprit

Jésus nous a promis son Esprit, Esprit de vérité, Esprit qui rend libre. « La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). Dieu nous veut libres. Il nous donne un Esprit qui ne dicte ni n’ordonne rien mais qui libère notre vitalité chrétienne pour faire grandir le Royaume.

La première libération qu’il opère est le pardon des péchés. Ce n’est pas un automatisme, pas une amnistie générale. Il nous donne un regard de vérité sur nos actes et un désir d’être pardonné et libéré de nos attachements au mal.

L’Esprit Saint, c’est le souffle de Jésus, son haleine. C’est la vie intérieure de Jésus qu’il transmet et qui pénètre le cœur des disciples, qui envahit leur existence. L’Esprit c’est l’Evangile en actes.

Voyons-nous agir l’Esprit de Jésus dans nos vies ? « Vous aussi vous allez rendre témoignage en ma faveur » annonce Jésus. Regardons l’Esprit nous inspirer l’initiative du service et de l’amitié, oser tel geste gratuit, non calculé qui fera du bien.

L’Esprit nous rend capables de renoncer à soi et de l’assumer. Par exemple de renoncer à se défendre devant telle critique, malgré la certitude d’avoir raison, par amour.

Se risquer à dire en paix et en vérité la foi qui anime notre cœur et notre vie.

L’Esprit Saint libère les cœurs alourdis de péchés pour rendre l’homme à sa liberté de d’enfant bien-aimé du Père.

« Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit » (Ga 5, 25). Découvrons le compagnonnage de l’Esprit Saint. Nous savons que nous ne sommes pas seuls quand ça va mal. Appelons qui se tient à notre disposition. Demandons-lui ses dons, son assistance pour remplir notre mission. Terminons par cette prière du Cardinal Verdier :

Ô Esprit Saint, Amour du Père et du Fils,
inspirez-moi toujours ce que je dois penser, ce que je dois dire, comment je dois le dire,
ce que je dois taire, ce que je dois écrire, comment je dois agir,
ce que je dois faire pour procurer votre gloire, 
le bien des âmes et ma propre sanctification.

La fête de la Pentecôte célèbre la venue de l’Esprit Saint sur les apôtres le cinquantième jour après Pâques (en grec, pentêkostê signifie « cinquantième »). Avant de monter au Ciel (à l’Ascension), le Christ avait annoncé aux apôtres : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8).

Nous fêtons à la Pentecôte, la venue du Saint Esprit que Jésus qualifie de Défenseur puissant. Nous avons besoin du Saint Esprit Défenseur. Nous sommes, en effet, exposés à un esprit qui mène à la colère, à l’inconduite, au sectarisme, à la haine, aux jalousies, aux divisions. S’opposant à ce qui divise, le Saint Esprit met dans le cœur des hommes les forces qui unissent : l’envie de servir les autres, la force d’agir avec bienveillance, le goût d’édifier de la paix, l’audace d’offrir du pardon… Il est source de joie pérenne.

Prédication du père Louis Groslambert pour la solennité de Pentecôte

La Pentecôte ! Pour beaucoup, c’est la bonne aubaine d’un week-end prolongé ; à Belfort, la Pentecôte, c’est le festival international de musique universitaire (FIMU). Pour nous, outre la joie d’avoir un week-end prolongé et en musique, la Pentecôte est la joie de savoir que Dieu met à notre disposition le Saint Esprit que Jésus qualifie de Défenseur puissant. Contre quels ennemis nous défend le Saint Esprit ? Contre ce péché fondamental qui consiste à penser que les hommes peuvent vivre sans Dieu et réaliser eux-mêmes la justice et la paix. La preuve que ceci est un grand danger, c’est que, sans Dieu, les hommes se font du mal à eux-mêmes, qu’ils scient les branches qui les portent : avec leur chacun pour soi, ils scient la branche de la solidarité ; avec les violences, ils scient la branche de la bienveillance : ils détruisent tout ce qui serait leur bonheur… Nous avons besoin d’être défendus contre le Mauvais esprit présent en nous. Vraiment Dieu est celui qui garantit le bonheur de l’homme.

Nous avons besoin du Saint Esprit Défenseur. Nous sommes en effet exposés à un esprit qui mène à la colère, à l’inconduite, au sectarisme, à la haine, aux jalousies, aux divisions. Il y a des familles minées par la jalousie, la vengeance ou la colère, à propos d’un héritage ou d’une histoire qui remonte à 50 ans. Je vous garantis que le démon se frotte les mains quand il réussit à nous prendre dans ces pièges-là, quand il voit que nous nous détruisons et détruisons les relations avec les autres. À ce moment-là, il règne, lui le diviseur ! Nous avons besoin d’un Défenseur qui nous défende contre ce démon.

Nous fêtons à la Pentecôte, la venue du Saint Esprit. S’opposant à ce qui divise, le Saint Esprit met dans le cœur des hommes les forces qui unissent : l’envie de servir les autres, la force d’agir avec bienveillance, le goût d’édifier de la paix, l’audace d’offrir du pardon…

Parents, l’Esprit de Dieu demeure en vous. Ce qui le prouve, c’est votre patience à l’égard des enfants, les encouragements que vous leur prodiguez, les pardons que vous leur donnez sans compter… tout cet amour qui chasse les peurs provient du Saint Esprit.

Jeunes gens, constatez que l’Esprit de Dieu est en vous puisque vous protestez contre toute forme d’injustice.

Grands-parents, constatez que l’Esprit de Dieu est en vous. Regardant votre passé, vous notez que le Saint Esprit a pris votre défense les jours d’épreuve où vous risquiez de ne plus prier, de perdre l’espérance, et peut-être de renoncer à vos fidélités.

Si, les uns et les autres, vous avez résisté à l’esprit du mal, c’est que l’Esprit de Dieu est en vous. Bref, à la Pentecôte et en permanence, nous est donné un allié de taille : l’Esprit de Dieu, l’esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, l’Esprit de vie.

J’ajoute que le Saint Esprit n’est pas donné qu’aux chrétiens. Il n’y a pas une personne à qui Dieu n’offre pas son Esprit. Alors, dira-t-on, pourquoi l’injustice, les violences conjugales, le Jihad, continuent-elles ? » Je crois que pour avoir le Saint-Esprit, il faut désirer vivre avec lui. Un militant athée s’appliquait à montrer qu’il ne fallait pas croire en Dieu, et il avait posé cette question aux croyants : « Si votre Dieu est bon, pourquoi permet-il les tueries et les attentats ?» ; et quelqu’un a répondu : « Notre société laïciste a interdit qu’on parle de Dieu dans les écoles, que les signes de Dieu soient visibles. Et vous approuvez ces décisions. Je ne comprends pas qu’ayant expulsé Dieu, vous lui reprochiez de ne pas agir contre le mal ? ». Quand on sort du réseau du Saint Esprit, il y a grand danger ; quand on sort du réseau de l’esprit de vie, on se flirte avec l’esprit de mort. Saint Paul diagnostiquait ce péril dans la 2ème lecture lorsqu’il faisait la liste des péchés.

Certes, dans le champ, il y a l’ivraie ; mais aussi le bon grain. Le Défenseur donne la force au bon grain de grandir au milieu de l’ivraie ; il suscite la collaboration fraternelle, la confiance, l’estime de soi et des autres. Je cite à nouveau saint Paul : « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, patience, paix, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi ». Le fruit du Saint Esprit c’est vraiment la vie, et ce qui rend la vie agréable… « Vivez sous la conduite de l’Esprit ! ». De cette manière, vous serez heureux et vous ferez des heureux.

Méditer avec l’émission Parole pour un dimanche sur RCF

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