Nous fêtons aujourd’hui la solennité du Christ Roi. Elle a été créée en 1925 par le pape Pie XI dans le but d’affirmer la royauté du Christ. Elle a pris un sens différent avec la réforme du calendrier liturgique demandée par le Concile du Vatican II. Elle est pour nous un moment privilégié, en fin d’année liturgique, de se demander comment le Christ a mieux régné dans nos vies ?
Aujourd’hui la liturgie nous donne de contempler Jésus confronté à Pilate – le représentant implacable du pouvoir. Il affirme sa royauté du serviteur : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. »
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Homélie du père Louis Groslambert pour la solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’Univers
Si nous disions à un enfant : « Nous fêtons Jésus roi : alors, dessine Jésus », il dessinerait un personnage en grand apparat, dans un magnifique salon…. Mais voilà : est-ce que Jésus a porté des vêtements d’apparat déambulant dans un salon de luxe ? Qualifier Jésus de roi prête à confusion. Car Jésus n’a pas montré sa royauté en pulvérisant les forces romaines d’occupation ; il s’est montré roi quand il a fait voir les aveugles, qu’il a fait entendre les sourds, qu’il a pardonné aux pécheurs. Le récit de la rencontre entre Jésus et le gouverneur Pilate montre que Jésus est roi tout autrement que ce gouverneur. Il lui dit : Tu te fais obéir en menaçant par une armée : moi mon autorité est de dire «si quelqu’un m’aime » ; toi, pour financer tes festins coûteux et construire des palais, tu étouffes les gens par de lourds impôts ; moi je suis ravi de manger chez les pauvres ; toi, tu portes une couronne en or, moi, ma couronne est d’épines et elle me va bien ; toi tu as sur les mains le sang des autres, moi, le sang que j’ai sur les mains c’est le mien qui coule de mes propres plaies. Toi tu es un roi démagogue, tu flattes les gens pour qu’ils t’applaudissent, mais je suis un roi qui témoigne (jusqu’au martyre) que le seul qu’il faut applaudir, c’est Dieu, l’esprit d’amour.
Frères et sœurs, puisque nous sommes disciples de Jésus, nous devons être en décalage avec le monde ; nous devons estimer que nous rendons service au monde si nous avons des manières originales. Le monde fait passer l’argent avant les personnes ; mais c’est rendre service à l’humanité de donner la priorité aux personnes et pas à l’argent. La majorité des gens n’envisage pas le pardon ; mais la seule manière de servir la paix consiste à résister à l’envie de vengeance. Certains disent que, pour réduire son décalage avec le monde, l’Église doit se mette à la page ; mais puisqu’elle doit annoncer un monde autre que celui-ci qui produit des injustices et des pleurs, l’Église sera toujours en décalage. Être dans le vent n’est pas désirable : il n’y a que les feuilles mortes qui se laissent pousser par le vent ; il n’y a que les poissons morts qui vont dans le sens du courant.
Frères et sœurs, franchement, entre la manière du Christ et la manière du monde, que préférez-vous ? Entre la royauté écrasante à la manière de Pilate et des puissants d’aujourd’hui et la royauté du serviteur Jésus et de tous les serviteurs d’aujourd’hui, que préférez-vous ?
(Dans l’église où l’on fête ste Cécile) Aujourd’hui, les musiciens fêtent Sainte Cécile : ils fêtent une martyre, c’est à dire une personne qui a osé être en décalage, et prendre ses distances par rapport au monde qui produit des pleurs et des injustices ; elle a tenu à sa différence au risque d’être martyrisée. Elle appartenait à une illustre famille dans la Rome du 2ème siècle qui persécutait les chrétiens. Justement, elle a été inquiétée par les persécuteurs parce qu’elle cachait dans ses propriétés de nombreux chrétiens persécutés. Ses proches étaient son frère nommé Tiburce et son mari Valérien. Tous les trois ont été martyrisés. Elle est la patronne des musiciens parce qu’elle a attendu le moment de son martyre en chantant.
Nous disons cela un dimanche, c’est à dire un jour où nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection du Christ : Le Christ est roi parce qu’il est le grand martyr, le fidèle témoin de l’amour de Dieu. Nous disons cela en prenant le sang du martyr et en disant « c’est le sang de l’alliance de Dieu avec vous ». Voyez : en venant à la messe, vous êtes en décalage avec beaucoup qui n’y viennent pas ; mais qu’importe puisque vous recevez ce trésor qu’est l’amour fidèle de Dieu.