« Voici l’époux, sortez à sa rencontre » (Mt 25, 1-13)
Dans la parabole de l’évangile de ce dimanche nous rencontrons dix vierges. Sages ou folles, prévoyantes ou insouciantes, les jeunes filles attendent dans la nuit. Et si la mariée en attente de son époux c’était nous, notre humanité ? Mais pourquoi nous endormons-nous, parfois ? Comment garder nos lampes allumées ?
Prédication du père Louis Groslambert pour le trente-deuxième dimanche du temps ordinaire
Frères et sœurs, pourquoi Jésus a-t-il raconté la parabole des jeunes filles qui attendaient l’époux ? Probablement pour nous dire ce que sont les chrétiens. Les chrétiens ne sont pas des gens qui croient à des idées, qui vivent selon des principes… les chrétiens sont des gens qui ne cessent de penser à quelqu’un qui les aime infiniment, qui vient vers eux et qu’ils ont hâte de rencontrer. A l’hôpital, une dame a prié et m’a dit : « comme je voudrais qu’il me prenne par la main et que nous marchions ensemble » ! Tous les chrétiens ont le désir de voir l’amour du Christ embrasser toutes choses, le désir de voir tous les hommes obéir enfin à la loi d’amour, de voir toutes nos fragilités revêtues de la puissance de la résurrection, de voir le jour où il n’y aura plus de cris, ni de larmes, le jour où la mort n’existera plus, le jour où le Christ viendra. Frères et sœurs, l’Église entretient ce désir que quand elle nous dit « voici l’époux » et qu’elle fait chanter à chaque messe : « Nous attendons ta venue dans la gloire ».
D’après la parabole, les jeunes filles attendent dans la nuit. Combien de personnes sont dans la nuit de la dépression, la nuit de la séparation, la nuit de la solitude, la nuit du chômage, la nuit du harcèlement, la nuit de la guerre… Nous ne sommes pas étonnés que, selon la parabole, l’époux vienne dans la nuit ; en effet, à Noël, nous fêtons l’arrivée de Jésus au milieu de la nuit, et à Pâques, nous fêtons le surgissement du Ressuscité comme une lumière qui perce la nuit. Frères et sœurs, si vous êtes dans la nuit, ne soyez pas inquiets, l’heure de la venue de Jésus approche.
Mais, selon la parabole, l’époux tarde à venir. Il faut que le désir des jeunes filles dure. Notre problème est aussi de durer : pour grandir en humanité (mon Dieu que c’est long !), il faut durer, persévérer, ne pas perdre le premier élan, ne pas être l’homme d’un moment. La parabole parle de cette persévérance en disant la nécessité d’avoir de l’huile.
Alors l’attente se prolongeant, les jeunes filles s’endorment. Peut-être dorment-elles sur leurs deux oreilles parce qu’elles sont sûres que l’époux va venir, que la promesse va se réaliser ? Nous, nous pouvons nous endormir pour d’autres raisons : Nous pouvons devenir des « insensés » parce que nos prières ne sont plus qu’une morne routine… parce que nous passons des semaines sans penser à Jésus… ou parce que nous avons laissé nos lampes s’éteindre, notre vie n’étant plus que matérielle, réduite à « boulot-dodo ». C’est parce que nous sommes guettés par l’endormissement que l’Église nous convoque tous les dimanches et nous dit « voici l’époux ! Voici celui qui vous aime ! Voici celui que votre cœur aime ! »
Mais selon la parabole, arrivent deux épisodes qui nous heurtent : d’abord certaines jeunes filles refusent de dépanner leurs collègues en manque d’huile. Ne soyons pas heurtés ! Elles ne sont pas égoïstes, elles disent simplement « si vous n’avez pas été autant amoureuses que nous, si vous ne vous êtes pas préparées à la rencontre de l’époux, nous n’y pouvons rien ». Ensuite, il y a la parole de l’époux « je ne vous connais pas ». Ne soyons pas heurtés non plus : Sans doute n’a-t-il pas dit cela sur un ton méprisant, mais plutôt sur un ton désolé : « hélas, c’est dommage pour vous : vous ne vous êtes pas mis en phase avec moi ; vous n’avez pas vécu selon mon esprit ». Souvenez-vous de ce convive qui a été chassé du repas des noces parce qu’il n’avait pas la tenue de la miséricorde, de la fidélité et du service.
Dernière remarque : il n’est question que de l’époux et pas de l’épouse ; ce n’est pas du machisme. Vous avez remarqué que, dans le récit des noces de Cana, on ne nous dit pas non plus qui est la mariée. Et si la mariée, c’était nous, notre humanité ? En effet, c’est bien nous qui attendons l’époux ! Alors, pour ne pas laisser faiblir notre attente, notre foi, notre espérance et notre charité, vivons selon l’Esprit saint ; c’est lui « la Sagesse de Dieu », c’est lui qui fait en sorte que nos lampes restent allumées. En conclusion, deux convictions : la première c’est que nous sommes visités par l’esprit d’amour ; il est à notre porte, ouvrons-lui ; la seconde chose c’est que, pour garder nos lampes allumées, il est important de nous rendre auprès de la communauté chaque dimanche. Là l’Église nous dit « voici l’époux qui vient ».