Dans l’Évangile de ce dimanche, un homme aveugle, Bartimée, accours vers Jésus en lui demandant sa guérison. Avant même d’être guéri, et donc, bien qu’il ne voie ni les formes ni les couleurs, l’homme de foi voit que Jésus sauve les gens exactement comme Dieu ! Il voit que Jésus révèle le Père. Il lui fait confiance. Et nous, faisons-nous confiance en ce que Dieu peut faire pour nous ? Donnons-nous aux autres la confiance en Jésus qui est « avec nous tous les jours » ? Voilà une attitude fraternelle et missionnaire.
Prédication du père Louis Groslambert pour le trentième dimanche du temps ordinaire
Voir Dieu ! Voir celui qui nous poursuit de son amour ! Vous qui profitez de la nature, vous qui êtes comblés par l’affection de vos proches, vous qui êtes reconnaissants d’avoir tel ou tel talent, n’avez-vous pas hâte de voir ce Dieu qui vous a donné tout cela ? Vous qui n’êtes pas à l’aise dans un monde où, tout en proclamant l’égalité et la fraternité, on pratique la discrimination sous de multiples formes, n’avez-vous pas hâte de voir le Dieu qui ne fait pas acception des personnes puisqu’il fait lever son soleil sur les méchants autant que sur les justes ? Je suis sûr que vous qui protestez si on vous présente un Dieu terrifiant, vous avez hâte de voir le Dieu paternel… Comme il doit être lumineux ce Dieu qui poursuit de son amour tous ceux qui le blessent, ce Dieu qui maintient son amour pour tous ceux qui font pleurer leurs frères ! Bref, le désir fondamental de l’homme est de voir Dieu ; et le cœur de l’homme est sans repos tant qu’il ne voit pas la source de l’amour.
J’ai dit à une personne « vous irez au paradis ! ». Elle m’a répondu : « le plus tard possible ! » Elle pensait qu’elle ne pourrait voir Dieu qu’à sa mort, et elle n’avait pas envie de mourir ! Mais sa réflexion m’a fait comprendre pourquoi Jésus est venu parmi les hommes. En venant chez les hommes, Jésus – qui est l’image du Dieu invisible, et qui a dit « qui me voit voit le Père » – est venu pour que les hommes voient Dieu sans attendre
Alors, l’Évangile fait le portrait d’un homme qui, bien qu’aveugle, reconnait Dieu en la personne de Jésus. L’homme qui voit la vraie identité de Jésus, c’est un homme qui, devant les passants, mendie des pièces, mais qui, devant Jésus, mendie ce que les hommes ne donnent pas mais que Dieu donne : il mendie la guérison. « Que veux-tu ? » – « je veux voir ». Frères et sœurs, vous qui voulez voir Dieu, regardez Jésus avec les yeux de la foi ; vous verrez ce que ne voient pas ceux qui mettent Jésus en examen, ceux qui lui posent des questions de commissaire, et même veulent le tuer. Avant même d’être guéri, et donc, bien qu’il ne voie ni les formes ni les couleurs, l’homme de foi voit que Jésus sauve les gens exactement comme Dieu ! Il voit que Jésus révèle le Père.
Notre Église lit ce récit de miracle. Elle se sent concernée, parce qu’elle vit au milieu d’une société qui ne reconnaît pas Jésus, et qui avance à tâtons au milieu des difficultés sociales, des incompréhensions, des vies sacrifiées sur l’autel du Cac 40, des dangers terroristes, des situations de divorce, de chômage… D’ailleurs, nous-mêmes, nous pouvons être aveuglés par nos prétentions, nos pensées toutes faites, nos habitudes… Or, que fait l’Église dans ce monde ? Elle dit de mille manières ce que disait la foule à Bartimée : « confiance, il t’appelle, lève-toi » ; l’Église dit « Jésus est le sauveur ; confiance, il vous appelle à avancer malgré vos problèmes ». Rappelez-vous comment le Pape Jean Paul répétait : « n’ayez pas peur ! ». Si vous dites aux personnes que vous rencontrez « n’aie pas peur, confiance, tu peux te lever, le Christ plein d’amour t’appelle », vous êtes missionnaires. Donner confiance aux gens, parce que Jésus est « avec nous tous les jours », voilà l’attitude fraternelle et missionnaire.
La messe, c’est la présence du Christ lumière dans notre monde d’aveugles. Ce qui est lumineux et qui guérit les hommes de leur aveuglement, c’est l’homme qui dit « mon corps livré pour vous ». En le reconnaissant, puissions-nous être remplis de lumière, et puissions-nous être rendus capables de dire aux autres : « courage, le Christ t’a vu, le Christ t’appelle, le Christ te promet de marcher à tes côtés, l’amour infini t’appelle puisqu’il livre son corps pour toi ».