Dans l’Évangile de ce troisième dimanche de Pâques nous assistons à un retour aux sources. Le Christ ressuscité vient rejoindre les disciples, déboussolés, qui sont en train de revenir à leur ancien métier des pécheurs. Dans un geste de tendresse et d’attention, il commence à leur préparer le repas. Il les attend. « M’aimes-tu ? » Le Christ est avant tout quelqu’un qui mendie notre amour. Frères baptisés, même si nous avons raté, même si nous avons renié comme Pierre, le Seigneur est toujours là qui nous demande « m’aimes-tu ? ».
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Prédication du père Louis Groslambert pour le troisième dimanche de Pâques
Frères et sœurs, cette parole nous ouvre à bien des réflexions. Parmi les points d’attention, il y a l’initiative de Jésus qui, pour annuler le triple reniement, interroge Pierre, par trois fois : « m’aimes-tu ? » ; et il y a la triple profession de foi du pauvre qui a sombré lamentablement et qui dit « je t’aime ». Ça me fait penser à la confidence qu’a faite à un curé une pauvre fille à la conduite peu reluisante et qui était contrainte de faire les poubelles pour manger. Je cite : « Dans une poubelle, j’ai trouvé un crucifix. Je l’ai sorti de là et je l’ai caché dans mon vêtement de peur que mes compagnes se moquent de moi et aussi de Jésus. Pourquoi ai-je fait cela ? Parce que j’ai réfléchi : ma vie n’a pas été exemplaire, mais puisqu’un jour je l’ai tiré de la poubelle, lui saura me tirer de mon bourbier » Le moindre « je t’aime » annule les reniements. Frères et sœurs, guérissons nos reniements par un « je t’aime » sincère.
« M’aimes-tu ? » Le Christ est avant tout quelqu’un qui mendie notre amour. Frères baptisés, même si nous avons raté, même si nous avons renié comme Pierre, le Seigneur est toujours là qui nous demande « m’aimes-tu ? ». Puissions-nous répondre : « malgré mes trahisons et mes tiédeurs, tu sais bien que mon vrai désir, c’est de t’accueillir en moi afin d’être fidèle comme toi (car il n’y a rien de plus beau que ta fidélité), tu sais bien que mon vrai désir est de prier comme toi (car je voudrais bien être assidu à la prière comme toi), tu sais bien que mon désir profond est d’être miséricordieux comme toi (car seule la miséricorde donne la paix ».
Parmi les points d’attention du récit de saint Jean, je suis touché par l’exclamation « C’est le Seigneur ». Nous ne pouvons être chrétiens que si nous reconnaissons que le Seigneur se manifeste ici ou là. Vous ne pouvez pas être parents sans vous dire « l’attitude filiale de mes enfants est le signe que le Seigneur est à mes côtés ». Si vous constatez que vous avez eu l’attitude qui convient, vous vous dites forcément « si j’ai pu dire les mots qui ont apporté la paix, c’est que le Seigneur était à mes côtés »… Ou encore « Si j’ai pu faire le métier qui me plait, si j’ai pu rencontrer mon conjoint, … si j’ai pu traverser tel cap difficile, sortir de telle ornière c’est que le Seigneur m’accompagne. » Bref, quand vous vous apercevez qu’il vous a donné ses grâces, vous vous exclamez comme saint Jean « C’est le Seigneur ! il m’accompagne » et vous faites la prière que formulait le psaume : « je t’exalte Seigneur, tu m’as relevé » et vous dites comme Pierre : « je t’aime »
Petite parenthèse : au cœur de la messe, nous disons « faisant ici mémoire de la mort et de la résurrection ». C’est que notre amour du Christ s’appuie sur le repérage de ce qu’il a fait pour nous et de la mémoire de ce qu’il a fait pour nous. Alors, à la messe nous faisons mémoire de sa mort et de sa résurrection ; mais nous devons faire mémoire de ce qu’il a fait pour nous au cours de nos journées : repassons le film de nos journées pour y découvrir que le Christ a été avec nous Nous ne pouvons pas dire comme saint Jean « c’est le Seigneur » si nous n’avons pas la mémoire pleine des grâces quotidiennes. Autrement dit si l’ami de la foi, c’est la mémoire, l’ennemi de la foi, c’est le manque de mémoire, c’est Alzheimer !
Prenons une minute pour faire une courte liste des bienfaits dont le Ressuscité nous a comblés… de ce qui nous a conduits à dire « c’est le Seigneur ».