Vingt-huitième dimanche du temps ordinaire

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Publié le 13 octobre 2023

La relation entre Dieu et les hommes est décrite dans l’Évangile de ce dimanche comme une noce, une alliance : Dieu exprime sa bonté non pas en étant ami des hommes plus ou moins condescendant, mais en épousant la condition humaine et en invitant l’homme à être son allié, c’est à dire à adopter les manières du Dieu d’amour. Comment comprendre en revanche que, d’après la parabole, Dieu qui est si bon ordonne l’expulsion du banquet d’un homme qui n’a pas le vêtement requis ?

Prédication du père Louis Groslambert pour le vingt-huitième dimanche du temps ordinaire

Il faut bien nous demander de temps en temps si nous avons raison de croire au Dieu que dépeint l’Évangile. D’une part, Dieu est comparé à un roi qui, pour fêter les noces de son fils, envoie partout des invitations « le roi et la reine sont heureux de vous inviter aux noces du prince héritier » ; un Dieu si avenant, nous lui donnons notre foi sans hésiter. Mais, d’autre part, à la fin de la parabole, Dieu est comparé à ce roi qui fait massacrer les invités sous prétexte qu’ils négligent l’invitation royale et donnent la priorité à ce qui va les enrichir (les champs et les commerces) : avons-nous raison de croire à un Dieu qui fait massacrer des gens qui font leurs choix ? Avons-nous raison de croire à un Dieu qui fait éjecter un pauvre bougre parce qu’il n’a pas le vêtement adéquat ? 

D’abord, la relation entre Dieu et les hommes est décrite comme une noce, une alliance : Dieu exprime sa bonté non pas en étant ami des hommes plus ou moins condescendant, mais en épousant la condition humaine et en invitant l’homme à être son allié, c’est à dire à adopter les manières du Dieu d’amour. Cela nous convient, car nous sentons tous que nous sommes invités à avoir des comportements d’amour… Nous savons que si les hommes avaient les manières de Dieu, il n’y aurait pas de violence, de jalousie, de mépris. Puisqu’une telle perspective de paix va de pair avec la foi au Dieu de l’évangile, nous avons raison de donner notre foi à Dieu ! Mais voilà ! comme les invités donnaient la priorité à leurs champs et leurs commerces et négligeaient l’invitation à la noce, les hommes préfèrent installer leurs guerres plutôt que la justice, la faim plutôt que le partage, l’isolement plutôt que les relations fraternelles… ils crucifient même le Fils, celui-là en qui nous croyons parce qu’il n’a pas son pareil en matière de justice et de bonté.

La bonté de Dieu s’exprime toujours par une invitation large. De même que le roi veut remplir la salle avec des gens bons ou mauvais, de même le plaisir de Dieu, c’est que les pauvres, les laissés pour compte, les indésirables et les pécheurs puissent se réjouir auprès de lui autant que les gens de bonne conduite ; la joie de Dieu, c’est de dire à tout homme si pécheur qu’il soit «  tu n’es pas exclu de mon amour ». Nous avons raison de donner notre foi à ce Seigneur qui nous dit « rien ne peut faire que tu sois exclu de mon amour »

Alors comment comprendre que, d’après la parabole, Dieu qui est si bon ordonne l’expulsion d’un homme qui n’a pas le vêtement requis ? Je comprends que, puisqu’il fait tout ce qu’il peut pour que les hommes soient réconciliés et heureux, Dieu est triste de constater que les hommes passent à côté de leur bonheur. Un prophète disait la désolation de Dieu : « ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes qui ne tiennent pas l’eau ». Dieu est triste que nos choix ne nous conduisent pas au bonheur. Dieu est triste de voir que, alors que nous avons reçu au baptême le manteau de la justice du Christ, le manteau de la compassion du Christ, le manteau de la fidélité du Christ, nous préférons nous couvrir d’injustice, d’orgueil ou d’infidélité. Nous constatons que l’homme qui n’a pas le vêtement, qui n’a pas revêtu la compassion du Christ, la patience du Christ… est déshumanisé, il est comme un objet : la parabole dit qu’on le lie comme un sac et qu’on le jette comme un détritus. Nous-mêmes, dès maintenant, nous pouvons être déshumanisés – ou inhumains – si nous ne pensons qu’à nous, si nous n’avons aucun souci de la maison commune, si nous faisons la guerre, si nous méprisons le frère, si nous ne pensons qu’à l’argent. Déshumanisés ! Nous perdons notre dignité humaine, non pas parce que Dieu nous l’enlève pour nous punir, mais parce que nous faisons notre propre malheur. En revanche, celui qui a revêtu le Christ, qui a épousé les manières du Christ, celui-là a trouvé la véritable dignité humaine. De cet homme qui a revêtu la miséricorde, la fidélité, la tendresse, on dirait comme Pilate « voici l’homme ».

Finalement, puisque Dieu tient à notre dignité et à notre bonheur plus que nous, nous avons raison de croire en lui.

Méditer avec l’émission Parole pour un dimanche sur RCF

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