« Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui » (Lc 18, 1-8)
A quoi bon parler à Dieu si Dieu ne répond pas ? Qu’est-ce prier ? La prière nous transforme car, par elle, nous rentrons en relation avec Dieu. Et nous, consentons-nous à être transformés, dérangés par Dieu ? Autrement dit « est-ce que nous exauçons Dieu quand il nous demande quelque chose ? Sommes-nous filialement confiants, filialement obéissants, à l’image de Jésus ?
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Prédication du père Louis Groslambert pour le vingt-neuvième dimanche du temps ordinaire
Sans doute bien des gens prient. Il semble qu’ils prient le plus souvent pour demander, demander des succès, la santé, la solidité d’un couple, l’avenir des enfants… Ceux qui demandent ont bien raison car ils reconnaissent que Dieu est généreux ! Mais, ayant demandé avec insistance, remercient-ils avec autant d’insistance ? Nous avons mille motifs de dire merci, et la gratitude est essentielle ; rappelez-vous l’évangile de dimanche dernier où, sur dix lépreux guéris, un seul revient vers Jésus après sa guérison. Or, il suffit d’un petit déclic de joie ou de la vision d’un beau geste pour qu’on dise merci à Dieu.
Frères et sœurs, est-ce que vous priez avec insistance et persévérance, sans vous décourager ? Est-ce que vous avez en tête l’idée que Dieu devrait répondre à vos prières comme un ordinateur répond dès qu’on fait un clic ? Si c’était le cas, les priants seraient souvent découragés, car Dieu ne répond pas tout de suite : « des parents ont prié au chevet de leur enfant, mais leur enfant n’a pas survécu ; des prisonniers ont prié mais ils ont été torturés ; des paroisses ont prié « donne-nous des prêtres » et c’est la pénurie… j’ai demandé et rien n’est venu. A quoi bon parler à Dieu si Dieu ne répond pas ? » Si nous pensons que prier, c’est faire une commande à Dieu comme nous faisons une commande à un fournisseur, nous serons forcément déçus.
En fait, comment concevez-vous la prière ? Est-ce que prier, c’est prétendre renseigner Dieu sur les besoins des hommes ? Non ? il sait tout ! Est-ce que prier, c’est prétendre dire à Dieu ce qu’il doit faire pour celui-ci ou celui-là ? Non, il a plus de sagesse que nous ! Vous serez sans doute d’accord avec moi si je dis que nous ne prions pas pour agir sur Dieu, mais pour devenir priants, pour devenir filialement priants.
L’évangile donne en exemple cette veuve qui harcèle le juge encore et encore. Bien sûr la parabole ne dit pas que Dieu est aussi malveillant que le juge ; elle dit que si le juge malveillant finit par exaucer, à combien plus forte raison Dieu bienveillant exauce toujours. La parabole dit qu’il faut imiter la veuve et persévérer dans la prière ; encore une fois, non pour influencer Dieu mais pour devenir filiaux, priants, confiants.
Celui qui prie devient davantage filial puisqu’il cultive la confiance au Père ; à force de dire « que ton règne vienne », il apprend que Dieu a toujours le dernier mot ; à force de dire « que ta volonté soit faite », il épouse les projets de Dieu. Si vous n’êtes pas brouillés avec l’orthographe, écoutez : Le P. de Montcheuil a écrit : quand on prie, on n’est pas toujours exaucé ; mais on est toujours exhaussé, parce qu’on est mieux accordé à Jésus, exhaussé parce qu’on est mieux assuré que la force de résurrection soulève le monde, exhaussé parce qu’on grandit dans la foi à la victoire de la croix ; on est exhaussé parce qu’on voit plus loin que l’immédiat. La prière des hommes ne transforme pas Dieu ; mais elle fait grandir la foi chez ceux qui prient.
Jésus demande « est-ce que le Fils de l’homme trouvera la foi sur la terre ? c’est comme s’il demandait « trouvera-t-il des gens en attitude filiale ? Trouvera- t-il des gens qui prient filialement ? Trouvera-t-il des gens qui se laissent déranger par leur prière ?
Si je prie pour quelqu’un qui est très seul, ou qui souffre, ma prière va m’obliger à me déranger auprès de cette personne pour atténuer sa solitude. Si je prie pour quelqu’un que je n’aime guère, logiquement, je vais m’interdire de dire du mal de cette personne. La prière nous transforme… elle nous dérange.
Parce que la prière nous dérange, la vraie question n’est pas : est-ce que Dieu exauce ? Elle est plutôt : Avons-nous d’être exaucés, ex-haussés, transformés ? Consentons-nous à être dérangés par Dieu ? Autrement dit « est-ce que nous exauçons Dieu quand il nous demande quelque chose ? Sommes-nous filialement confiants, filialement obéissants, à l’image de Jésus ?