« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mc 10, 2-12)
Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus met un enfant au milieu de la foule. L’enfant ne vit qu’en aimant être aimé, qu’en aimant offrir de l’amour : c’est parce que il n’a pas le cœur endurci que Jésus le met au milieu. Vous savez que le mariage est l’image de l’alliance de Dieu avec les hommes, les relations des hommes avec Dieu se passent comme les relations en couple. Dans les deux cas, parfois ça tangue ! Dieu a mille motifs d’être déçu ; pourtant il continue de nous aimer. La preuve, c’est qu’il dit : « mon corps livré pour vous ».
Prédication du père Louis Groslambert pour le vingt-septième dimanche du temps ordinaire
Dieu avait dit : « il n’est pas bon que l’homme soit seul ». C’est que chacun a besoin d’entendre une autre voix lui dire « je t’aime » et que chacun trouve sa joie à répondre « je t’aime ». Alors, il a créé l’épouse, l’a donnée à son époux et à propos du lien du mariage, il s’est exclamé « c’est très bon ». Même si l’exclamation de Dieu « c’est très bon » concerne le mariage, je suis sûr que Dieu dit « c’est très bon » à propos de toute personne qui entend un « je t’aime » et qui répond un « je t’aime » ; car il ne faut pas oublier ni les couples non mariés, ni les célibataires qui, sous un autre mode que le mode conjugal, disent « je t’aime, j’entends tes appels, tu comptes à mes yeux ». Frères et sœurs, que vous soyez ou non sous le régime du mariage, si vous entendez un « je t’aime », et si, du fond du cœur, vous répondez « un je t’aime », vous vous situez dans le domaine dont Dieu dit « c’est très bon » et le Saint Esprit est là.
Il y a mille raisons pour lesquelles les « je t’aime » sont très beaux. La principale raison est peut-être celle-ci : les « je t’aime » entretiennent l’espérance. En effet, les « je t’aime » font vibrer, chez tous, le désir de voir le jour où l’humanité cessera de brandir les armes, le jour où plus personne ne dira « je t’ignore » et encore moins « je veux te détruire », le jour où chacun dira « tu es précieux pour moi ; je me réjouis de ce qui te réjouit ; j’ai mal parce que tu as mal ». Vous les mariés, vous êtes des pionniers sur ce chemin là parce que vous indiquez la relation juste. Et on comprend pourquoi le mariage est un sacrement, c’est à dire un signe de Dieu : c’est parce que Dieu est au cœur des « je t’aime » échangés entre époux et en famille.
Oui, vous, les gens mariés, qui vivez un mariage affectueux, sérieux, fidèle, vous êtes comme un tabernacle de la présence de Dieu. Vos ‘je t’aime’ sont missionnaires : Parce que vous vous aimez bien, les gens peuvent dire « c’est ça qui vaut la peine d’être vécu » (c’est missionnaire d’indiquer ce qui conduit au bonheur) ; et parce que vous vous aimez bien, les croyants peuvent dire « Dieu est là, puisqu’un vrai amour est là ». C’est pourquoi les mariés affectueux, sérieux, fidèles – qui n’ont pas le cœur endurci – ne se demandent pas comme les pharisiens s’il est « permis de renvoyer sa femme ? ». Ils n’imaginent pas qu’après avoir dit à quelqu’un « tu comptes beaucoup pour moi », ils puissent lui dire « tu n’existes plus pour moi » ? Indépendamment de la religion, les personnes qui ont un cœur de chair excluent de dire « je ne t’aime plus » ; indépendamment de la religion, la rupture est une déchirure terrible.
L’enfant qui ne vit qu’en aimant être aimé, qu’en aimant offrir de l’amour. Et c’est parce que l’enfant n’a pas le cœur endurci que Jésus le met au milieu. Vous savez que le mariage est l’image de l’alliance de Dieu avec les hommes, les relations des hommes avec Dieu se passent comme les relations en couple. Dans les deux cas, parfois ça tangue ! De même que l’époux ne répond pas totalement à l’amour de son épouse comme elle le souhaiterait (et inversement), de même l’homme ne répond pas à l’amour de Dieu comme Dieu l’aimerait. Dieu a mille motifs d’être déçu ; pourtant il continue de nous aimer. La preuve, c’est qu’il dit : « mon corps livré pour vous ». Vous qui dites « je t’aime », vous avez eu quelque déception mais vous passez outre et vous continuez de dire comme Jésus « ma vie livrée pour toi ». Et vous sentez que votre vocation est d’être fidèle à votre union comme le Christ est fidèle à son union avec l’Église. Ici, à la messe, nous faisons mémoire du « je t’aime » que le Christ dit à une humanité qui le torture sur un calvaire qui dure des millénaires. Admirons la fidélité du Christ.