Le Seigneur est comme le sculpteur ; il voit ce qui est possible en vous ; laissez-vous façonner… Dieu croit à notre conversion parce qu’il habite dans notre cœur et qu’il le façonne. Comme le sculpteur sait que dans un bloc de pierre difforme, il y a une belle statue, le Christ fidèle sait qu’en vous, il n’y a pas que le rebelle qui dit « non » de manière étourdie ; il sait qu’il y a en vous, le saint qui dit « oui » au Père et qui fait l’œuvre du Père.
Prédication du père Louis Groslambert pour le vingt-sixième dimanche du temps ordinaire
On dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis… Contrairement aux choses inertes, les vivants changent, les tournesols s’orientent, et nous les humains, nous changeons. Untel réputé égoïste se montre un jour capable d’une belle disponibilité ; untel qui d’habitude est plein de douceur peut malheureusement se montrer capable de blesser profondément ; inversement, un autre, d’abord allergique au pardon, se met à penser qu’il est plus sage de pardonner… Puisque nous évoluons, notre situation n’est pas définitive : personne n’est déjà définitivement dans la sainteté et personne n’est pour toujours irrécupérable. Pensez à Zachée le voleur qui distribue tous ses biens et pensez à Pierre le renégat qui termine martyr.
C’est que Dieu créateur sait qu’il y a en tout pécheur un saint potentiel. L’histoire d’un sculpteur, un créateur lui aussi, aidera à comprendre. Dans un village, la place centrale était défigurée par un énorme bloc de pierre informe. Les villageois voulaient l’ôter. Mais un sculpteur leur dit : « Je peux faire de ce rocher disgracieux une œuvre d’art » On a donc entouré le rocher d’une palissade et laissé le sculpteur frapper le burin de son marteau. Un jour l’artiste convoque la population ; il ôte la palissade, et tout le monde découvre la magnifique sculpture d’un cheval. Un enfant pose au sculpteur cette question : « comment savais-tu que dans ce bloc de pierre, il y avait un si beau cheval ? » Cette question posée à un sculpteur créateur est à poser à Dieu créateur. « Toi, Seigneur, comment savais-tu qu’en Saul le persécuteur, il y avait un saint Paul missionnaire ? Toi, Seigneur, comment savais-tu que dans le brigand crucifié près de toi, il y avait un homme capable de professer que, parce que tu es crucifié, tu es roi ? »
Frères et sœurs, en ce temps de rentrée, le Seigneur est comme le sculpteur ; il voit ce qui est possible en vous ; laissez-vous façonner… derrière vos médiocrités, il a vu en vous le cœur saint, le cœur de l’enfant qui a souvent dit « non » mais qui finit par faire la volonté du Père. Abordons ce temps de rentrée en sachant que Dieu croit à notre conversion. Et s’il croit à notre conversion, c’est parce qu’il habite dans notre cœur et qu’il le façonne. L’homme est le domaine de Dieu, et Satan ne peut pas expulser Dieu de ce domaine. Comme le sculpteur sait que dans un bloc de pierre difforme, il y a une belle statue, le Christ fidèle sait qu’en vous, il n’y a pas que le rebelle qui dit « non » de manière étourdie ; il sait qu’il y a en vous, le saint qui dit « oui » au Père et qui fait l’œuvre du Père.
Si nous disons que Dieu sauve les hommes pécheurs, cela veut dire qu’il ne les considère pas comme des gens définitivement irrécupérables. Il ne les punit pas (ce serait pourtant notre manière de concevoir la justice) ; il les croit capables de changer. A l’époque d’Ezéchiel (six siècles avant Jésus), certains pensaient que Dieu avait tort d’espérer que les pécheurs changent, parce qu’à leurs yeux les pécheurs étaient définitivement pécheurs et les justes étaient définitivement justes. Ezéchiel a simplement constaté qu’un juste peut se détourner du bon chemin, et un méchant peut se détourner de sa méchanceté. Et il enseigne que le méchant peut reprendre un bon chemin.
Savez-vous comment le pécheur reprend un bon chemin ? C’est par la rencontre de Jésus, lui qui a dit « je suis le chemin ». Voyez Zachée, transformé par la rencontre de Jésus ! Voyez saint François qui, ayant contemplé la richesse de Jésus pauvre, a décidé de se dépouiller des richesses terrestres ! Voyez Charles de Foucauld ! voyez untel qui, touché par Jésus qui donne sa vie s’est décidé à partager ; un autre qui au vu de Jésus qui pardonne s’est décidé à pardonner.
Ce qui est déterminant, c’est la rencontre de Jésus ! Puisse chacun de nous rencontrer vraiment Jésus le Juste, Jésus le généreux, Jésus le fidèle ! Alors, il lui apparaîtra que le chemin du matérialisme, du mensonge, de la rancune… est en fait une impasse. Puisse chacun dire à Dieu : vraiment tu es un Dieu sauveur ! fais-moi connaître ta route ! Sauve-moi !