Sans Jésus, nous sommes comme des statues mortes qui n’entendent pas et ne parlent pas ; et les fermetures du cœur s’apparentent à la fermeture du tombeau ! À l’opposé des idoles, notre Dieu écoute les rires et les détresses des hommes, et il leur parle ; Dieu qui écoute et qui parle donne aux hommes d’écouter et de parler.
Prédication du père Louis Groslambert pour le vingt-troisième dimanche du temps ordinaire
Frères et sœurs, vous savez que la Bible fait la guerre aux idoles. Elle décrit avec ironie les dieux païens représentés comme des statues, comme des morts ; je cite : « les idoles ont des oreilles et n’entendent pas, une bouche et ne parlent pas » A quoi le psaume ajoute « ceux qui font les statues des idoles muettes et sourdes, qu’ils deviennent comme elles, sourds et muets ! ». De même que nous faisons Dieu à notre image, les hommes font les idoles à leur image. Et si les idoles sont sourdes et muettes, c’est que ceux qui les font sont eux-mêmes sans communication : donc l’argent, le confort, le téléphone portable sapent la communication et détruisent la fraternité.
Je prends l’exemple de cette idole très exigeante qui s’appelle « moi, je» : elle rend impossible toute fraternité. L’idole « je, moi » empêche d’entendre les joies et les peines des autres et empêche de dire la parole qui valorise les autres ; l’idole « argent » empêche d’entendre les plaintes que créent les injustices et empêche de dire la parole qui valorise les pauvres. Sans Jésus, nous sommes comme des statues mortes qui n’entendent pas et ne parlent pas ; et les fermetures du cœur s’apparentent à la fermeture du tombeau !
A l’opposé des idoles, notre Dieu écoute les rires et les détresses des hommes, et il leur parle ; Dieu qui écoute et qui parle donne aux hommes d’écouter et de parler. C’est pourquoi, quand les prophètes annonçaient le messie, ils disaient (c’est la première lecture) « Quand le Seigneur viendra, s’ouvriront les oreilles des sourds, et la bouche du muet criera de joie ». Cela veut dire premièrement que si Jésus fait entendre les sourds et parler les muets, il est bien le Messie, Emmanuel, Dieu avec nous ; cela veut dire deuxièmement qu’avec Jésus, le Dieu d’amour et de vie sauve la fraternité puisqu’il anéantit les idoles qui enferment les hommes en les rendant muets et sourds. Oui, quand nous disons que Jésus est le sauveur des hommes, nous disons que grâce à lui, nos oreilles sont ouvertes pour entendre les paroles de Dieu et les paroles des hommes et notre bouche est ouverte pour parler à Dieu des hommes et pour parler aux hommes de Dieu.
Le résumé de toutes les paroles de Jésus est très court : « ouvre-toi ». Et toutes les paroles que l’Église adresse reviennent à ceci : « ouvre-toi ». Des étrangers sont là, ouvre-toi ; un appel t’est adressé, ouvre-toi ! Ton conjoint te dit quelque chose qui te contrarie, ouvre-toi ; ton fils désire que tu lui parles, ouvre-toi…
Il y a un gros bénéfice à retirer du conseil de Jésus. Si je m’ouvre à la parole de miséricorde, je ne parlerai plus en condamnant, mais en encourageant. Si je m’ouvre à la parole du serviteur, je saurai écouter Dieu comme un serviteur écoute son maître, et je saurai écouter les autres qui sont mes maîtres. Si je m’ouvre à la Parole du Crucifié, je comprendrai les autres qui ont leurs souffrances, et je m’émerveillerai d’entendre Jésus dire ‘je t’aime à mourir’.
Le salut est une ouverture ; si nous laissons le Christ ouvrir nos cœurs aujourd’hui, nous l’invitons à ouvrir plus tard notre tombeau. Le salut commence quand, cessant d’être sourd, on écoute la parole et quand, cessant d’être muet, on proclame la foi, l’espérance et la charité.
Ce qui caractérise Marie c’est son ouverture totale au Saint Esprit, de sorte qu’elle entend la Parole de Dieu et elle donne aux hommes La Parole, le Christ. Comme elle, comprenons que la seule manière d’être homme, c’est de nous « ouvrir » et de faire confiance à un autre. Frères et sœurs, le Seigneur est à votre porte et il frappe à votre porte, et il attend que vous lui ouvriez. Puissions-nous répondre « Seigneur Jésus, nous attendons ta venue, nous t’ouvrons la porte de nos vies ».