HOMÉLIE DE DIDIER SANTENAS
Homélie pour le 33ième dimanche du temps ordinaire B – Buc -18 novembre 2018 – 300 ans de l’église
Voici une jolie petite église, au milieu de son village. Depuis 300 ans, elle se dresse, parmi les habitants de la commune. Aujourd’hui encore, elle continue de faire signe. A l’heure où tout semble s’accélérer, elle est là, qui défie le temps. A l’heure où nous avons l’impression de courir de plus en plus, elle offre un espace calme et de silence, à qui veut pousser la porte. A l’heure où l’humanité connaît, depuis quelques décennies, des mutations profondes comme jamais dans l’histoire de l’humanité, mutations technologiques, scientifiques, sociétales, éthiques, écologiques, à l’heure où nous connaissons des bouleversements absolument inédits depuis que ce monde existe, le clocher de cette église continue d’indiquer une autre direction, un autre chemin possible pour l’être humain, pour la société humaine. Pointé vers le ciel, il continue de nous interroger, en nous disant : « et toi, qui courre, et qui courre ici-bas, quel sens veux-tu donner au chemin de ta vie ?».
Jolie petite église, léguée par les générations passées ! Mais au fait, que veut dire le mot «église» ? Ce mot nous vient du grec, la langue même où a été rédigé notre Évangile de ce jour. Un mot précisément employé dans l’Évangile de ce jour. Ecclésia. Deux traductions possibles à ce mot : convocation, ou rassemblement. L’Église, c’est la convocation, le rassemblement, l’assemblée des fidèles. Non pas le club des pécheurs à la ligne ou des joueurs de tarots, mais des femmes et des hommes qui ne se sont pas choisis, des gens d’une extrême diversité d’âge, d’opinion, de culture, que le Seigneur Jésus invite, convoque à sa rencontre. Il les convoque chaque dimanche. Il les convoque des 4 coins du monde, aux 4 coins du monde. Tout comme un jour, à la fin des temps et de l’histoire, il convoquera des femmes et des hommes de tous les temps, de tous les continents, dans son royaume de lumière. Car église, avant de s’écrire avec un petit e, s’écrit d’abord avec un grand E. Communauté de Pierres Vivantes, elle se rassemble, au milieu d’autres gens. Convoqués par le Seigneur Jésus, elle a mission de leur faire signe, à l’image du clocher de cette église : «et si un autre avenir était offert à chaque être humain, au-delà de ses limites, de ses échecs, de ses fragilités?».
Mais alors, qui est donc Celui qui, chaque dimanche, et même chaque jour, convoque les femmes et les hommes, et les invite à se rassembler, à faire Eglise? Quel trésor rassemble ainsi les chrétiens, qu’ils sont invités ensuite à partager chaque jour? Le trésor de la foi, bien sûr. Le trésor du Christ Jésus lui-même, de sa Parole, de son pain. Chaque dimanche en effet, les chrétiens se rappellent que le Christ est venu marcher sur nos routes humaines. Ils se souviennent qu’il a rencontré des femmes et des hommes en son temps, et que ces rencontres ont bouleversé leurs vies. Ils font mémoire de tout l’amour qu’il a déployé au fond de sa vie, comme aucun être humain n’a jamais aimé : un amour qui rend libre ; un amour qui fait grandir, qui relève. Ils évoquent sa passion et sa mort. Mais surtout, ils se souviennent qu’au matin de Pâques, l’amour a triomphé de la mort, la vie a été la plus forte. Christ est ressuscité. Le mal, le péché, la mort sous toutes ses formes n’auront jamais plus le dernier mot. L’église de Buc, avec un petit e, a traversé 300 ans et témoigne de cette bonne nouvelle à travers toutes ses pierres et ses œuvres d’art. L’Église du Christ, avec un grand E a traversé 2000 ans d’histoire. Et les Pierre Vivantes que nous sommes continuent de témoigner malgré toutes les crises : Christ est mort et ressuscité, il est avec nous tous les jours comme il nous l’a promis, jusqu’à la fin des temps. Un chemin d’avenir ést possible pour tout être humain qui choisit de marcher avec lui.
L’avenir de l’homme justement, l’avenir de l’humanité, notre fin dernière, au-delà de la fin des temps et de l’histoire, le sens de notre marche ici-bas, au-delà de l’horizon de notre vie, au-delà de notre mort : les lectures de ce dimanche nous invitent fortement à nous interroger. Les auteurs bibliques les ont écrites en des moments de grandes crises, de grandes mutations : chute de l’empire grec, au 2ième siècle avant Jésus Christ ; violentes persécutions contre l’Église sous l’empereur Néron au 1er siècle. lls semblent nous dire: « et toi, choisiras-tu le chemin de l’espérance, envers et contre tout? »
Chers amis dans le Christ, en ces temps difficiles que traversent l’Europe et la société française ; en ces temps difficiles que connaissent les disciples du Christ, plus que jamais, il nous est proposé de choisir. Et nous, ce matin, aujourd’hui, et demain : choisirons-nous le Seigneur Jésus? AMEN.